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Auteur, j’ai créé ce site afin de vous présenter mes livres. Vous trouverez dans la page adéquate : « Les Alizés » aux éditions Edilivre. C’est un recueil de nouvelles, écrites pour des concours. Malgré des thèmes différents, elles sont toutes ; insolites, surprenantes, mystérieuses, avec un brin de suspense et beaucoup d’émotions.
Aimeriez-vous lire un thriller, « Damnée empreinte » aux éditions BoD? C’est une histoire qui n’aurait pas mérité ce parcours, car elle débute avec des personnages pétris de bonnes intentions, d’enthousiasme, de générosité. Tous concernés, ils sont investis dans ce projet commun, dans une ardeur collective. Mais les bonnes choses ont malheureusement une fin et un corbeau s’immiscera pour générer de la peur, de l’angoisse, de la souffrance, de la suspicion. Dorénavant, ils vont devoir vivre ce cauchemar au quotidien.
Par ailleurs, j’inclus un blog : https://www.snc-auteur.fr/blog
« Notre petite séance récréative » ce blog dans lequel je vous parle de mes textes édités, mais aussi inédits. Y figureront des extraits de poèmes, de contes, de nouvelles, de sketches ainsi qu’une pièce de théâtre, et pourquoi pas des sujets d’actualité.
02-Cette présentation
Pour vous présenter mes livres, quoi de plus simple que de vous ouvrir mon site ?
Dans la page : mes livres : vous avez la possibilité de les commander directement à la maison d’édition en cliquant sur les boutons "commander" . Vous serez livré chez vous.
Voici les trois livres que vous y trouverez :
« Les alizés », un recueil de 16 nouvelles, écrites pour des concours, il se révélera un bon dérivatif avec des situations insolites, des endroits surprenants, des circonstances mystérieuses, de l’humour, du suspens et un grand panel d’émotions.
Lire, quoi de plus agréable que de prendre et livre et se laisser entraîner dans une histoire, prendre parti pour les uns ou les autres, se sentir investi de qualités exceptionnelles pour découvrir les mystères de l’enquête. Eh bien, oui. Ouvrez « Damnée empreinte », un thriller, vous serez confrontés à une énigme que, bien entendu, vous résoudrez grâce à votre perspicacité. L’intrigue monte crescendo, évolue de page en page, de chapitre en chapitre, lentement, mais sûrement, inquiète et aiguise la curiosité. Entrez dans ce livre et glissez vous dans l’habit de détective. Ce rôle vous ira comme un gant.
C’est une histoire qui aurait dû être banale sans l'intervention d'un corbeau qui sera le cauchemar de tout un village. Destructeur, il fera régner la peur, la souffrance, la suspicion et le doute... Adoptez les, accompagnez les, ils ont tant besoin de vous pour démasquer le secret …
Vient de paraître sur Amazon mon dernier ouvrage, "Incroyable Judith." Ce livre est joyeux, agréable, se passe dans les années 80, sans téléphone portable, sans jeux vidéos, sans informatique. Et pourtant, ça n'a pas l'air de leur manquer. Ils sont heureux et ne s'en cachent pas. Judith, une jeune Anglaise arrive à Bordeaux avec une amie Française. Elle va être accueillie à la gare par les parents de celle-ci. Dans un premier temps, ils vont tous l'aider à chercher une chambre d'étudiant. Las d'aller de déception en déception, ils décident de l'installer chez eux. Judith est jeune, jolie, intelligente, et une année est si vite passée, pensent-ils. C'était sans compter sur son caractère, son originalité, ses idées farfelues et sa détermination. Mais il faut bien s'adapter... Elle est si agréable, si gentille, bref elle les mènent par le bout du nez. Tout le monde y trouve joyeusement son compte.
J’ai inclus également sur mon site une page blog : notre petite pause récréative dans laquelle je vous parle de textes édités aussi bien qu'inédits, tels que des poèmes, des contes, des sketchs, une pièce de théâtre et pourquoi pas des sujets dans l’air du temps.
Je compte sur vous pour me dire, dans la page contacts, l’intérêt que vous portez à ce blog.
Je vous invite à lire un recueil de nouvelles les alizés avec des situations insolites et des lieux surprenants qui vous entraînera loin avec des histoires mystérieuses. Mais vous aurez également la surprise d’accompagner les personnages, de partager leurs états d’âmes, leurs craintes, leurs bonheurs, leurs angoisses. Ils se posent mille questions et vous, que diriez-vous si vous vous trouviez dans leurs situations ? Toutes les pages tournées vous réservent, du suspens et beaucoup d’émotions. Prenez-les comme elles viennent, ne vous morfondez pas. Ce que l’on voit, ce que l’on ressent n’est pas toujours la réalité. Et qu’est-ce qui fait le plus peur dans la vie. L’inconnu. Car toute surprise inquiète. Il est beaucoup plus fréquent de prévoir une catastrophe qu’une fin agréable. On s’endort parfois, et quelques minutes suffisent à changer le cours de votre quotidien. Pourquoi ? Parce que nous n’avons pas de réponse à ce que nous voyons et entendons. La vérité se camoufle derrière des apparences. Attention danger ! Se promener, marcher sur un chemin que l’on connaît bien, que l’on parcourt tous les jours, sans se poser de question et se retrouver… Non, je vous laisse le plaisir de le découvrir. Vous accompagnerez une personne qui se laisse aller à la rêverie, qui de jour en jour glisse vers un état de laisser-aller. Sa foi en son avenir diminue aussi sûrement que le sable entre nos doigts. Quelquefois, il en faut si peu pour changer le cours de son existence… D’autres fois, vous verrez, la vie est belle, tout est permis, ou plutôt non, on se permet tout, c’est différent. Ah ! La jeunesse, ils sont beaux, jeunes, insouciants, forts, invulnérables, ils ont toujours raison, c’est normal, leurs vieux ne comprennent rien. Mais à force de tirer sur la corde, un jour elle casse. Et là, il faut recoller les morceaux, mentir, tout prévoir, déjouer les pièges. Hélas, rira bien, qui rira le dernier, dit le dicton. En lisant ces nouvelles, vous vous trouverez témoin, n’ayez crainte, vous ne risquez rien.
04-Extrait de "Damnée empreinte" N 1
Monsieur Douxe approuva par un hochement de tête. Son condisciple écrivait, mais ne manifestait aucune opinion. Il était là pour transcrire tout ce qu'il entendait et ne laissait transparaître aucun sentiment.
- Tout se passe comme vous le voulez ?
- Oui.
- Je vois que le Moulin a déjà une allure altière.
- Ça prend forme.
- Pas d'ennuis ? De jalousie ? Aucune manifestation malfaisante ?
- Non. Tout va bien.
- Prochainement, il va y avoir du théâtre, non ? Il faudrait que le temps s'arrange. S'il continue de pleuvoir comme ça, vous allez pouvoir annuler...
- Non, tout est prévu. Nous louerons un chapiteau voilà tout.
- Oui, je vois. C'est... Comment s'appelle-t-elle déjà ?
- Qui ?
- Votre amie, celle qui s'occupe des jeunes pour le théâtre.
- Madame Moris ?
- Madame Moris ! ! ! Vous pouvez l'appeler Bernadette, vous savez, y a pas de honte.
David regardait le gendarme stagiaire qui écrivait.
- Qu'est-ce qu'il note ?
- Tout.
- Tout quoi ?
- Notre conversation mot pour mot. Il a des ordres. Il ne doit pas omettre une syllabe.
- Mais c'est un interrogatoire !!!
- Non. La routine, tout simplement. Les gens jasent. Je ne peux pas apporter foi à tous les ragots... Alors, j'essaie de dissocier le vrai du faux.
- Qu'est-ce qu'on lui reproche, dit Philippe ? Car enfin, vous pinaillez, vous essayez de lui sortir les vers du nez sans avoir le courage de poser une question directe et franche.
- Chacun sa méthode. De toute manière, lorsqu'il s'agit d'un corbeau, il vaut mieux se taire sur ses sources de renseignements.
- Mais qui a parlé de corbeau ?
- Personne, personne. Mais chaque fois que je vous vois, je sens sa présence le flair du chasseur...
- En ce moment, je sens la présence d'une femme à vos côtés...
- Je suis célibataire.
- Et alors, personne ne vous demande une bague au doigt...
- Je n'ai aucune femme dans ma vie. Vous êtes très mal informé.
- Pourtant, j'ai reçu des confidences.
- De qui ?
- Secret.
David empoigna le petit rondouillard par le col de la chemise et l'obligea à faire les pointes. Philippe s'interposa. Le petit gringalet, les yeux exorbités devint rouge pivoine. Toujours armé de son crayon, il resta bouche bée.
- Ne refaites jamais ça, dit Maxime.
- Et vous, foutez-moi la paix. Comme s'il n'y avait pas assez du corbeau pour m'emmerder. Il faut encore que vous en rajoutiez. Ce sont des inventions de ce salopard. Il ne doit pas être inconnu de tout le monde si vous voyez ce que je veux dire.
- Attendez, attendez, vous m'intéressez.
- Vous n'allez pas recommencer : Intervint Philippe.
- Juste une question. Qu'est-ce qui vous fait dire... ?
- Non. Plus de question. J'en ai marre. Si vous voulez m'interroger, convoquez-moi dans votre bureau. D'ailleurs, il fait noir. Votre scribouillard ne peut plus écrire.
- C'est bon, je sais ce que je voulais savoir.
- C'est-à-dire.
- Que vous avez reçu une lettre anonyme sans me la signaler.
- Première nouvelle. À moins que je ne l'aie pas trouvée, auquel cas ce ne pourrait être que vous l'envoyeur, le seul à en connaître le contenu...
- Silence.
- Ici, c'est moi qui pose les questions.
- Vous ne répondez pas ?
- Ici, vous êtes chez moi et non dans votre commissariat. Douxe fit signe au stagiaire de le suivre. En partant, il ajouta :
- Ce sont des éléments qui entrent dans le cadre de mon enquête.
- Ah oui, et depuis quand persécute-t-on les victimes ?
- Depuis que celles-ci manquent de sang-froid et agressent les représentants de la loi.
- Peuh. Une mascarade d'enquête alimentée par les racontars des poivrots. À mon avis, vous n'êtes pas prêt de trouver le coupable. Les gendarmes partirent. Philippe sermonna David. La nuit étant tombée, ils rentrèrent chez eux. Pourquoi envenimer les choses ? Maxime faisait son enquête et était obligé de tenir compte de tous les éléments en sa connaissance. Il devait vérifier la crédibilité de chacun ? Et ce, en égratignant la susceptibilité de certains. Il n'y avait pas de quoi se mettre dans des états pareils. Il avait trouvé sa réaction négative. Ce comportement ne pouvait que jeter la suspicion. David, peu à peu, se calma. Philippe, dans la conversation ajouta foi aux insinuations de Maxime. Il lui demanda le nom de sa « Dame de cœur ". David n'apprécia pas cette question. Néanmoins, maîtrisant ses nerfs, il lui expliqua que ces informations étaient non fondées. Philippe cligna de l'œil et lui sourit en signe de connivence.
- Je te jure : dit David.
- D'accord, d'accord. Tu me caches un trésor. Je te comprends. Il y a tellement de jaloux en ce bas monde !
- T'es vraiment con toi aussi quand tu t'y mets...
Ce n’est jamais un exercice facile que de parler de soi. Pourtant, aujourd’hui, je vous présente trois ouvrages et, comme il se doit, je vais essayer d’être la plus impartiale possible pour vous faire découvrir l’auteur que je suis. D’emblée, j’ai envie de vous dire qu’écrire est une passion. Est-ce bien nécessaire ? Tout auteur est, par essence, un passionné d’écriture ; sinon, pourquoi perdrait il son temps à coucher sur le papier le produit de son imagination ? Donc, c'est une affaire classée.
Par contre, ce qui n’est peut-être pas commun à tous les auteurs, c’est d’écrire dans différents registres, je suis notamment auteur de roman humoristique, thriller, nouvelles pour votre plaisir. Commençons par le commencement.
J’ai fait mes premiers pas avec la poésie. Puis, ayant fait la majorité de ma carrière entourée d’enfants, pour moi, il coulait de source d’écrire également des contes. C’est ce que j’ai fait, contes pour jeune public " Hardis les petits" contes pour tout public "Bon voyage Vénus " et "L’énigmatique Renaud" que j’ai, à l'occasion, dit au cours d’animations. J’aurais pu me cantonner à cet exercice, mais j’ai fait des concours de nouvelles, dont le recueil s’appelle "Les alizés ". Elles sont toutes, insolites, surprenantes , mystérieuses avec du suspens et beaucoup d'émotions. Autre style, auquel je suis très attachée, les sketchs. Rien n’est plus jubilatoire que d’avoir au bout de sa plume la répartie qu’il n’est pas souvent aisé de placer dans une conversation et que l’on peut se permettre de dire sur scène. Dans cette écriture, souvent en vers, je jette un regard sarcastique au caractère fourbe, à la mesquinerie, l’hypocrisie, la rancune et jette mon dévolu sur les sujets avec le ton aigre-doux du pince-sans-rire. Cette série est rassemblée dans un "one-woman-show", qui s’intitule " Vu sous cet angle ". Le théâtre aussi m’a attiré. C’est pourquoi j’ai imaginé et écrit une pièce, " Bel Antoine ".
Mon roman "Incroyable Judith", est humoristique, drôle, léger, avec des personnages truculents, joyeux, qui respirent la joie de vivre. Il est sorti sur Amazon, disponible en broché, ebook et en lecture gratuite grâce à votre abonnement Amazon Kindle Publishing . " Damnée empreinte " est un drame, disons un roman psychologiquement noir, un thriller. Un beau projet, prend forme dans le village, une maison des associations. Tout le monde s'y investit, mais un corbeau profère des menaces. L'intrigue monte alors crescendo, de page en page, de chapitre en chapitre suite à la disparition inquiétante d'une fillette. La peur, l'angoisse et la suspicion règnent dans le village...
Certains de ces textes ont été primés lors de concours, notamment des poèmes, nouvelles et sketch. Je souhaite à tous ceux qui découvriront mes œuvres de prendre autant de plaisir à les lire que j’en ai eu à les écrire.
Page auteur:
... Le lendemain, j’ai vu arriver son remplaçant, Maître Pothensier. Il portait beau la cinquantaine. Son regard bleu clair semblait percer tous les secrets de votre âme. Une barbe grise enjolivait ce visage sérieux et sa soyeuse chevelure blanche parachevait le portrait d'un bel orateur. Il avait une voix forte, grave. Son langage était franc et direct. Dès les premières minutes, j'ai senti qu'il était l'avocat qu'il me fallait. Il s'est assis, à la table, en face de moi. Il a sorti un substantiel dossier.
« Voyez, j'ai ici tout ce qui vous concerne. Votre histoire m'intéresse et j'ai beaucoup insisté pour vous défendre. Avec toutes les charges qui pèsent contre vous, on ne peut pas dire que vous me facilitez la tâche mais je me fais fort de vous faire acquitter. »
Je n'en croyais pas mes oreilles.
« Mais je suis innocente !
- Innocente ? Écoutez ma p'tite dame, je suis ici pour vous défendre. Laissez moi plaider comme je l'entends. J'ai ici plus de témoignages qu'il n'en faudrait pour vous faire pendre haut et court si la peine de mort existait encore. Vous n'êtes pas quelqu'un de foncièrement mauvais, mais les torts que vous avez, accumulés les uns et aux autres, finissent par faire un torrent de boue qui vous engloutira si je ne m'efforce pas de faire un solide barrage.
- Mais je n’ai tué personne !
- Peut-être.
- Comment peut-être ? Mais je dis la vérité.
- La vérité n'est pas toujours bonne à dire. Croyez en mon expérience. Votre personnalité est trop forte et vos soi-disant amis seraient trop contents de vous savoir au frais pendant très longtemps. La victime, que vous connaissiez bien, avait des amis haut placés. D'après mes informations, je n'ai pas le choix. Il faut plaider coupable.
- Mais vous n'y pensez pas ! Le coupable ne sera jamais arrêté.
- Jamais, dîtes vous, ce n'est pas sûr. Un jour ou l'autre, il fera un faux pas et se fera épingler pour autre chose. C'est ça la vie... On fait du tort sans s'en rendre compte, en toute impunité et un jour, il faut payer pour un crime que l'on n'a pas commis.
- C'est injuste.
- Je ne vous le fais pas dire.
- Alors, d'accord pour plaider coupable ?
- Si je n'ai pas le choix ...
- Vous verrez, je vous sortirai de là. Au pire, vous écoperez de dix ans maximum. Qu'est-ce que vous en dîtes ?
- C'est trop.
- Mais non. Si vous avez une bonne conduite, vous aurez droit à une remise de peine. »
J'étais effondrée. Plus j'y réfléchissais et plus je pensais que j'étais entre les mains du diable.
Bien caché dans ma tête, un coin de paradis,
Dissimulé à l’ombre parmi un champ d’orties,
Attend le jour béni où je savourerai
Les saveurs enivrantes d’un bonheur tant souhaité.
Tout dans cette nature m’attire et me ravi ;
Au pied du Canigou, des villages fleuris
Jouissent du soleil, Dieu de cette vallée
Qui fait mûrir les fruits, sauvages et cultivés.
Le soir, sous les platanes, on danse la sardane.
Les jupes virevoltent grâce à la tramontane.
De Prades à Canet, aussi bien qu’à Collioure,
La lumière jaillit, brille, luit, éclabousse.
Les peintres sont ravis, armés de leurs pinceaux,
Ils habillent les toiles, nous offrent ce cadeau
De voir un paysage et le garder présent,
Que ce soit la montagne, la mer ou un enfant.
Que de jolis jardins aux multiples couleurs,
Et les bois, les forêts, exaltent leurs senteurs
Quand nous foulons du pied leur domaine privé,
Leurs sentiers de montagne, leurs routes ombragées.
Si l’œil est exercé, il vous revient de droit,
Un bijou, un rubis, une fraise des bois.
Cachée dans un écrin, tapis de feuilles vertes
Pour peu que vous soyez curieux de découvertes.
On voit des papillons plus que partout ailleurs,
Butiner dans les fleurs, en prendre le meilleur
Pour survivre quelques heures, peut-être quelques jours
Ivre de ce nectar volé avec amour.
Ce rêve je le vis chaque jour davantage
Puisque chaque matin je n’ai plus le même âge.
Voir blanchir mes cheveux, le soir dans mon miroir,
Contrairement à d’autres est un signe d’espoir.
Je me languis du temps où je pourrai enfin, mener une autre vie,
Faire ce qui me plait, besogner jour et nuit si telle est mon envie
Ou bien me reposer, apprécier chaque instant,
Si chèrement gagné bien des années avant.
Le lecteur de ces nouvelles découvrira les personnages dans un univers où ils sont généralement surpris. Ils doivent faire face à l’imprévu, vaincre leurs peurs, accepter les compromis, être fatalistes ou juger sur-le-champ l’attitude la mieux adaptée.
Un thriller captivant aux dires d'une chroniqueuse
Chronique de Stéphanie Pereira
Damnée empreinte
- Sylvie Niffle-Cassagne
« Huit jours, il mit huit jours pour trier, ranger, libérer l’appartement et liquider les affaires courantes. Il partit, la voiture pleine à éclater, abandonnant seulement quelques caisses de livres dont il n’avait pas besoin dans l’immédiat et qu’il reviendrait chercher ultérieurement. Il ne laissait pas d’amis ou si peu, des connaissances tout au plus, étrangers rencontrés par hasard, avec lesquels il avait échangé quelques phrases anodines. »
David était soudain en quête de sens. Il ne supportait plus la vie dans laquelle il s’était embarqué bien des années plutôt. Et la ville l’étouffait au plus haut point ! Il prend alors la décision de tout plaquer ; boulot, appartement… Et de revenir à ses racines. Cette ville où il a grandi, cette belle maison qui l’a bercée et cette famille qu’il a tant négligée toutes ces années.
David repart à zéro. Et c’est peu dire !
Une idée folle lui vient ! Ce moulin laissé à l’abandon, il veut le racheter et lui redonner sa belle valeur d’autrefois. Mais tout le monde n’a pas l’air enchanté de cette initiative… Un corbeau se manifeste avec des lettres de menaces. Une enquête est ouverte.
Après des mois d’acharnement, d’huile de coude de beaucoup d’habitants et alors que tout le monde est ravi de voir ce moulin réhabilité ; le pire arrive !
La petite Fanny est enlevée !
Quelle histoire prenante et captivante ! Mes chères Lectrices et Chers Lecteurs, vous allez autant aimer suivre l’enquête qui se dévoile sous vos yeux qu’affectionner la vie de chacun des personnages de cette histoire. Tous à leur façon sont attachants et on ne peut que se prendre d’amour pour le drame qui les touche. La plume de notre auteure retranscrit à merveille toutes les émotions de chacun et de chacune pour nous plonger, nous lecteurs, dans ce tourbillon d’émotions que personnellement, j’attends avec impatience à chaque lecture. C’est tout en puissance que vous vivrez ce drame comme si vous y étiez ! Je n’ajouterai qu’une seule chose mes chers lecteurs, âmes sensibles s’abstenir, comme on dit ! Et pour autant, vous raterez un roman fabuleusement bien écrit.
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https://www.bod.fr/.../damnee-empreinte-sylvie-niffle...
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Co et ses livres Corinne Bertrand.
5dtt maSoSûtpot,nllhisa Smmor1r3:eud55m ·
Bonjour les livrophiles !
Envie d’un tour dans la campagne ? Venez découvrir Damnée empreinte de Sylvie Niffle-Cassagne, un polar agréable à lire.
David a quitté sa petite commune pour « vivre sa vie » en ville alors qu’il avait 18 ans. Aujourd’hui, à 32 ans, il s’y ennuie, se sent comme « anesthésié » par cet environnement urbain. Sur un coup de tête, il décide de « rentrer chez lui ».
Très vite, il trouve du travail et s’investit dans la vie locale. Il pensait faire d’un moulin abandonné sa maison et réserver le terrain qui l’entoure pour les associations, y construire des locaux qui pourraient les accueillir, une salle des fêtes par exemple, pour que tous puissent en profiter. Mais ça n’a pas l’air de plaire à tout le monde. David reçoit une lettre anonyme, puis une autre. Il n’y fait pas vraiment attention jusqu’à ce que …
Qui pourrait en vouloir à David ? Pourquoi ? Mais est-ce vraiment lui qui est visé ? Ce moulin, aurait-il un secret ?
*******
Je ne connaissais pas la plume de l’auteure avant d’ouvrir ce livre. La surprise a été plutôt bonne. L’intrigue est intéressante et bien menée, on sent la tension qui monte petit à petit chez le personnage principal, les questions qui se posent.
L’ambiance d’un petit village est bien rendue : les jalousies, les commérages qui vont bon train, les inimitiés, mais aussi le partage et l’entraide.
David est un personnage assez attachant, bien que parfois, je le trouve un peu « désagréable et imbu de lui-même » : il plaque sa vie en ville du jour au lendemain pour revenir habiter chez papa-maman alors qu’il ne les voit qu’une ou deux fois par an ; il quitte un boulot parce que les horaires ne lui conviennent pas alors qu’il les connaissait… Mais c’est un
« bosseur » qui ne rechigne pas à la tâche.
Il y a un petit truc qui m’a dérangée : l’accueil qui lui est réservé lorsqu’il revient dans sa commune. Tout lui tombe tout cuit dans les bras : il a plusieurs propositions de boulot alors qu’il n’a pas de compétences particulières (à part l’horlogerie, mais il ne veut plus rester enfermé…) je pense surtout à ce dentiste qui lui demande d’être son « assistant » ... Il propose quelque chose et tout le monde dit « amen », comme si le fait qu’il a passé du temps en ville fait de lui quelqu’un de « supérieur » (ce qui n’est pas pour lui déplaire d’ailleurs). Cela me parait un peu surréaliste.
Mais ce n’est qu’un détail qui n’empêche pas l’intrigue d’être bonne. Le style est agréable à lire. J’ai passé un bon moment en compagnie de David.
Et ce secret, si vous saviez….
En bref, une auteure et une histoire à découvrir.
Je vous souhaite une bonne lecture.
Lien : https://www.bod.fr/.../damnee-empreinte-sylvie-niffle...
De la peur, des larmes, de la suspicion et une intrigue....
Les-lectures-de-Mary dans Polar/thriller/noir/horreur
Le 25 Juin 2021 à 08:43 Titre : Damnée empreinte
Auteur : Sylvie Niffle-Cassagne
Éditeur : Auto-édition Parution : 31/03/2020
Format : grand Nombre de pages : 330
Prix : 19.00 €
Résumé de l'éditeur :
Au regard de sa vie fade, terne, sans couleur ni odeur, David n'a qu'une envie, fuir cette ville sans intérêt. Il prend une résolution ; quitter au plus vite, c'est endroit qui l'étouffe, dans lequel il s'ennuie et retourner aux sources, retrouver l'air pur, la campagne, l'herbe verte, ses amis et ses parents. Il a tôt fait de revenir au pays. Sitôt arrivé, il a l'intention de s'investir dans un projet fort louable pour dynamiser la commune. Ce programme ne plaît pas à tout le monde, car il trouve çà et là des lettres anonymes qui sont suivies de méfaits de plus en plus fréquents et sérieux. Qui dans cette bourgade a intérêt à nuire à cette si généreuse initiative ? Allant en s'amplifiant, cette situation devient intolérable et la suspicion plane sur chacun. La vie est chaotique. S'accrocher à un espoir est vital, trouver un coupable, impératif. Mon avis : David, après bien des déboires, revient dans son village natal où ses parents sont encore présents. Ils l’accueillent avec plaisir dans leur maison. Décidé à reprendre sa vie en mains, le jeune homme décide d'acheter le vieux moulin en ruine du village et de le remettre en état afin de pouvoir y vivre d'un côté et d'organiser des réceptions en tous genres de l'autre pour le village. Les habitants l'aident tous avec leurs moyens, la réhabilitation se poursuit pendant des mois, mais tout le monde y met du sien et le moulin reprend forme petit à petit. Malheureusement, quelqu'un, dans l'ombre, n'apprécie pas cette histoire et commence doucement à menacer David et son entourage. Des lettres anonymes sont découvertes. Jusqu'au jour où la petite Fanny, la fille de son meilleur ami Philippe disparaît...
J'ai adoré cette histoire ! Pleine de rebondissements, elle m'a donné une grande satisfaction tout au long de la lecture. En effet, il y a ce corbeau qui reste complètement anonyme et dont on ne sait rien, David avec sa personnalité tellement attachante, Philippe et Jeannie, de très bons amis toujours présents, Claire, très sensible mais également très forte après la perte brutale de son mari. Et que dire d'Alexandre, Fanny et Coralie, des enfants innocents qui vivent des choses terribles pour de si petits êtres. Et j'ai également beaucoup aimé les parents de David, toujours prévenants et serviables, prêts à aimer et aider leur prochain. L'histoire est tragique, mais elle est également un message d'amour et d'entraide. Tous ces villageois qui mettent la main à la pâte afin de remettre en état un bâtiment à l'abandon. J'ai beaucoup aimé ! Et le dernier message que l'on ne découvre qu'à la fin est très fort. Je ne peux pas en dire plus de peur de spolier l’intrigue, mais ça vaut le coup de lire ce thriller et cette histoire d'une auteure que je ne connaissais pas, mais que je vais suivre de près. L'écriture est plutôt simple et sans artifice. J'ai pris plaisir à lire ces mots. Une intrigue passionnante, une histoire très bien contée et des personnages attachants. N'hésitez pas à découvrir ce roman rapidement ! Achetez ce livre sur Amazon.fr! Achetez ce livre sur Decitre.fr! L'auteur sur Facebook
(N72).Mon retour de SP sur « Damnée empreinte » de Sylvie Niffle-Cassagne chez BoD France que je remercie pour ce SP . RÉSUMÉ :
David n'a qu'une envie, fuir cette ville sans intérêt. Il prend une résolution ; quitter au plus vite, c'est endroit qui l'étouffe, dans lequel il s'ennuie et retourner aux sources, retrouver l'air pur, la campagne, l'herbe verte, ses amis et ses parents. Il a tôt fait de revenir au pays. Sitôt arrivé, il a l'intention de s'investir dans un projet fort louable pour dynamiser la commune. Ce programme ne plaît pas à tout le monde, car il trouve çà et là des lettres anonymes qui sont suivies de méfaits de plus en plus fréquents et sérieux. Qui dans cette bourgade a intérêt à nuire à cette si généreuse initiative ? Allant en s'amplifiant, cette situation devient intolérable et la suspicion plane sur chacun. La vie est chaotique. S'accrocher à un espoir est vital, trouver un coupable, impératif.
MON AVIS :
L’auteure nous propose un thriller dont l’intrigue va monter au fil de votre lecture. Une fillette qui disparaît, un corbeau, des secrets de famille bien gardés qui vont ressurgir tout est réuni pour passer un bon moment de lecture. Fatigué de cette vie à la ville qui ne lui apporte rien, David décide de tout plaquer et de revenir aux sources près de chez ses parents. Besoin d’air pur, de nature et de donner un sens à sa vie. Il va trouver cela en se lançant dans le projet de réhabiliter un vieux moulin. Un projet audacieux pour faire revivre le village en y créant une maison des associations. Mais ce projet ne semble pas plaire à tout le monde ... Une première lettre anonyme lui demande de tout arrêter et va signer pour lui et le village le début du cauchemar. David s’est lié d’amitié avec Philippe un dentiste chez qui il travaille. Marié à Jeannie, ils ont une fille Fanny. Une famille tranquille, des parents sans histoire jusqu’au jour où, au moulin, la fillette va disparaître, l’enquête stagne, les langues se délient. Très vite une ambiance de suspicion, des commérages vont planer sur le village. Tout le monde sait tout, tout le monde a tout vu. Pourquoi ce moulin semble gêner à ce point ? Qui se cache derrière le corbeau ? Vous verrez que la tension va monter au fur et à mesure de votre lecture. Un grenier chez les parents de David va être à l’origine de terribles découvertes . Des secrets de familles enfouis depuis de nombreuses années vont ressurgir brisant la vie de 2 familles. Les personnages sont pour la plupart attachants. Comment ne pas ressentir de l’empathie pour Jeannie qui n’a plus de nouvelles de sa fille enlevée . Ne pas savoir est le pire pour une mère. Nous allons assister à sa descente aux enfers jusqu’à ne plus être que l’ombre d’elle même. Tout un village va se retrouver au cœur de ces commérages . David va-t-il pouvoir mener à bien son projet et trouver enfin l’amour auprès de claire, la sœur de Philippe et de sa petite fille Coralie ? Qu’est-il arrivé à Fanny ? La plume de l’auteure parfaitement maîtrisée et pleine de poésie nous plonge dans un thriller au suspense présent du début à la fin. L’intrigue est présente et bien menée , la psychologie des personnages est bien retranscrite . Un moulin va être à l’origine de terribles révélations qui vont laisser des plaies ouvertes à bon nombre de personnages. Une lecture très agréable avec du suspense, des révélations et une fin inexorable .
LIEN: Damnée empreinte: Un secret bien gardé
https://www.amazon.fr/.../ref=cm_sw_r_cp_api_glt_i.
: #SUSPENSE, #VENGEANCE, #INTIMIDATION, #MENACE, #ENLÈVEMENT, #CAROLE
Chronique de Alex Beerli sur le livre de Sylvie Niffle-Cassagne « Damnée Empreinte, un secret bien gardé » (Editions BOD - 2020) Sylvie Niffle-Cassagne est une auteure française. Elle écrit dans tous les registres, n’importe quel sujet pouvant l’inspirer. Elle a commencé par écrire des poèmes et a participé à plusieurs concours de nouvelles. Elle a également écrit des sketches pour one-man-show. A déjà été publié : -2015 : « Les Alizés », chez Edilivre (compte auteur).
Qui n’a jamais pris conscience de ce dont il a vraiment besoin, dans divers domaines, du jour au lendemain, et entrepris de changer le cours de sa vie ? C’est ce qui est arrivé à notre héros, David. Un beau jour, il décide de revenir aux sources dans son village natal, après s’être rendu compte qu’il n’était pas fait pour la vie citadine. Tout là-bas lui déplaisait. La vie au village et ses habitants lui manquaient. Une fois de retour, il est assez bien accueilli et de belles opportunités se présentent à lui. Presque trop belles pour être vraies... Très vite, une idée germera dans son esprit. Il compte redynamiser le village. Pour cela, il se met en tête d’acheter le vieux moulin et de le réhabiliter pour en faire, entre autres, un lieu de fêtes et de partages. Son idée est louable et généreuse, mais très vite, un « corbeau » viendra perturber ses projets en envoyant des lettres anonymes. David perdra les pédales devant l’inefficacité et le manque de réactivité de la police à trouver le coupable. Qui donc peut bien lui en vouloir ? Qui pourrait y gagner de ne pas voir son projet se concrétiser ? Pour d’autres faits, David sera bientôt suspecté. C’est à ce moment-là qu’on se rendra compte que les rumeurs colportées et les médisances peuvent porter préjudice à des innocents… Deux clans se formeront. Qui a tort, qui a raison ? David, est-il coupable de ce qui lui est reproché ? Des secrets de famille et des non-dits sont la source de tous ces problèmes… Un soir de spectacle, alors que les travaux avancent au moulin, une petite fille disparaîtra… Sera-t-elle retrouvée saine et sauve ? Qui l’a enlevée et pourquoi ? Le coupable? est-il celui que l’on imagine ? L’histoire est intéressante, même si je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages. David, le personnage principal, manque de chaleur et m’a paru assez antipathique. Par contre, j’ai ressenti de l’empathie pour Jeannie, dont la fille a été enlevée. J’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire au début. Au fur et à mesure de ma lecture, la tension monte crescendo. La seconde partie du livre est bien plus intéressante et rythmée, les scènes sont bien mieux détaillées, avec une fin que l’on n’aurait pas imaginée. Le fond est intéressant, mais aurait gagné à être un peu plus travaillé, mais j’ai tout de même été ravie de découvrir cette auteure que je ne connaissais pas encore. Un grand merci à Sylvie Niffle-Cassagne et aux Editions BOD pour leur confiance.
Sous les arbres, mamie Blanche goutte aux joies du repos. Elle se prélasse sur un transat, un livre sur les genoux. Rémi et Angélique, qui ont maintenant vingt ans, viennent lui rendre visite. Rémi est un jeune homme curieux, mais timide. Il se pose beaucoup de questions, comme tous les garçons de son âge. Là, maintenant, il se dit qu’il est temps de prendre son courage à deux mains pour interroger mamie Blanche. Elle est si bienveillante. Il s’approche d’elle, lui sourit et hésite encore. Elle tourne la tête vers lui, rabaisse ses lunettes de soleil, et lui dit :
- Qu’est-ce qu’il y a mon grand ? Tu m’as l’air bien pensif. Quelque chose qui ne va pas ?
- Si, si, ça va. Mais je voudrais savoir des choses.
Le soir, en rentrant chez lui, il était investi d'un rôle qu'il ne se sentait pas capable d'assumer. Et pourtant ! Pouvait-il les décevoir ? Que diraient-ils tous s'il ne tenait pas ses engagements ? Il ne serait plus crédible. Tout le monde lui tournerait le dos. Ils ne lui pardonneraient pas de les avoir bernés et il reviendrait à la case départ solitude, ennui, etc. Il voyait bien qu'eux aussi étaient dans la même situation que lui. Il fit un effort surhumain pour vaincre cette peur qui lui tenaillait les entrailles. Il n'avait qu'une envie fuir, fuir tous ceux qui le prenaient pour un meneur, qui le plaçaient sur un piédestal, qui ne voyaient que le vernis. L'intérieur, l'invisible était son angoisse, sa timidité, sa réserve, son caractère peu enclin à commander. Coûte, que coûte, il devait tenter de les satisfaire. Il était arrivé, avait suscité la curiosité et par défi avait semé dans leur esprit l'envie d'entreprendre. Comptant sur ses prétendues expériences, ils l'avaient d'emblée engagé pour cette mission. Pauvre de lui, totalement ignorant des bases les plus élémentaires, il devait gagner du temps. Avant tout, il fallait qu'il trouve un emploi. L'horloger de la ville n'avait pas besoin d’employer. Et quand bien même il n'avait plus envie de vivre comme une chauve-souris, dans une arrière-boutique. Il préférait un travail plus actif, plus dynamique. Ses parents, fiers de ce qu'il leur racontait, l'encourageaient à être l'animateur de cette population. De tous côtés, il était harcelé. On comptait sur lui. Contrairement à ce qu'il pensait, il lui fut aisé de se reclasser. Plusieurs personnes vinrent lui proposer de l'employer. Le premier à le contacter fut le dentiste, un homme sympathique, trente-cinq ans à peine. Il cherchait un assistant. Le travail consistait à recevoir la clientèle, stériliser le matériel et faire office de secrétaire. Il était très tenté d'accepter. Il demanda néanmoins à réfléchir. Il fut invité à son domicile, fit la connaissance de sa femme et de ses deux enfants. Il visita le cabinet dentaire dans lequel il serait confiné si toutefois, il acceptait cette offre. Trop aseptisé, trop calme, de plus, il ne supportait pas la souffrance d'autrui. Voir des enfants venir se faire soigner en pleurant, suppliant, serait au-dessus de ses forces. Ils bavardèrent beaucoup, parlèrent des changements survenus ces dernières années. Philippe Roberte, le dentiste, étant enfant, venait en vacances chez des parents. Depuis quelques années, il s'était fait une clientèle, mais se ménageait beaucoup de temps libre. Ils évoquèrent des souvenirs. Philippe lui parla du Moulin. David n'avait qu'un vague souvenir de cette ruine. Cet endroit n'avait pas encore eu la faveur des promoteurs et il serait peut-être intéressant d'aller explorer de plus près ce vaste domaine abandonné. Ils allèrent sur place. Ce qu'ils découvrirent était dans un état pitoyable. La rivière, large de cinq mètres à cet endroit-là était sale, encombrée de branchages, d'herbes folles, de pierres accumulées, tombées du Moulin. Ils se demandèrent tous deux qui en était le propriétaire. Philippe chargea David d'aller se renseigner à la mairie.
Qui de vous n'a pas eu envie de changer de vie ? C'est ce qui est arrivé à David. Du jour au lendemain, il a pris conscience que sa vie en ville était stérile, inconsistante, pauvre, triste. Il a décidé de revenir à la source, dans sa commune ou tout le monde se connaît, se parle, communique. Dès lors, il entreprend de s'impliquer dans la vie du village avec le soutien des habitants. Là, il est bien. Il a trouvé ses marques. Il revit. Hélas, il reçoit des lettres anonymes. C'est le début d'un cauchemar. Le corbeau sévit de plus en plus souvent, de plus en plus violemment. L'angoisse s'instaure. La disparition d'une fillette inquiétera tout le monde. La suspicion s'installe. La méfiance est partout. La peur règne. C'est le début d'un long calvaire, chacun cherchant à débusquer l'auteur de ces actes malveillants. Combien de temps devra-t-il attendre avant de démasquer le coupable ?
L’auteure est née en 1947. Dès son plus jeune âge, elle participe à son premier concours de poésie. Il sera suivi de bien d’autres dans des domaines très variés, nouvelles, pièce de théâtre (Bel Antoine). Elle écrira également deux romans, « Myosotis » aux éditions de la rose de verre, un roman humoristique, ainsi que « Les Alizés » un recueil de nouvelles, aux éditions Edilivre. Sa carrière de 35 ans en qualité d’A.T.S.E.M, en maternelle, l’a conduite à écrire des contes, Hardis les petits, Bon voyage Vénus, l’énigmatique Renaud, (sur l’origine de la vigne et du vin). Elle a également écrit un One-Woman-show. Aujourd’hui, elle vous propose « Damnée empreinte » un roman particulièrement angoissant, une énigme, avec laquelle vous allez devoir composer pendant cette lecture.
Il est onze heures moins cinq au clocher du village.
La foule du terroir attend le mariage,
Qui fait parler de lui dans toutes les chaumières
Car, monsieur, le vicomte, épouse une roturière.
Je suis là, bousculée depuis bientôt une heure
Prête à vous commenter, vous mes chers auditeurs
Les détails savoureux de cette cérémonie
Et rien que d'y penser, j'en suis toute attendrie.
La demoiselle arrive, au bras de son papa.
Elle est belle à croquer, habillée de taffetas.
Très chic et souriante,
Elle salue gentiment cette belle assistance
Venue pour l'admirer en cette circonstance.
Au loin, nous entendons les sabots des chevaux
Que monsieur le vicomte amène au petit trot.
Soudain, on aperçoit au détour du chemin
Le cortège seigneurial aux atours de satin
Car il faut que je dise que les choses sont bien faites
Et que tout se déroule comme au dernier siècle.
On garde les traditions ;
Ce qui ne manque pas d'attirer l'attention.
Quand tout ce joli monde est enfin arrivé,
Le maire de la ville peut enfin commencer.
Toute la noce entre dans notre capitole
Pour voir marier enfin ce très cher Anatole.
Il a soixante-dix ans comme le dit le maire
Dans son discours pompeux, qui est une misère.
Il relate sa vie comme pour un défunt,
Insistant lourdement pour que tout un chacun,
Comprenne, sans détour,
Que ce ne sera pas un mariage d'amour.
L'épouse très vexée, sans détourner la tête
Regarde ce notable qui lui gâche sa fête
Car elle a dix-huit ans, et beaucoup d'ambition
Et pour elle, l'important est bien d'avoir un nom
Martine Duplantin, elle trouve ça immonde,
Pas assez distingué pour entrer dans le monde.
Elle veut des particules, des lettres de noblesse
Dont elle se servira pour se mettre en vedette.
Avez-vous entendu cette voix cristalline
En se présentant hier à radio églantine ?
Madame la Vicomtesse, Anatole Charles Edouard,
De Lajoie du Roy du Canular.
Elle y croit. Tout son être rayonne. C'est bientôt terminé
La petite caissière de notre supermarché
A trouvé l'oiseau rare et fait un pied de nez
À toutes ces bourgeoises qui se croyaient futées.
Après avoir dit oui par-devant leurs témoins,
Ils sont mari et femme ; autrement dit : conjoints.
Ils sortent tout heureux devant la populace,
Ignorant les fâcheux, car il faut faire face
À tous ces gens jaloux, prêts à les critiquer
Allant même parfois jusqu'à insinuer
Que ce mariage là, est mariage d'intérêt.
Pour l'instant, ils sont là, devant les photographes
Adulés, tels des stars donnant des autographes.
Il boite bien un peu, mais elle le soutient
Et quand on est vicomte, faut garder son maintien.
Son visage, ridé accuse la fatigue.
Les émois à son âge lui donnent mauvaise mine.
Quant à sa calvitie, cachée sous son chapeau
Elle en fait un vieillard, lui donne vingt ans de trop.
Le cortège, à pied, se dirige vers l'église.
Ces costumes colorés font penser à un film.
J'entends là, dans la foule, bien des concertations
Et vous livre ici leurs quelques opinions ...
… J'ai un crédit patience, dans ma tête pour des mois.
C'est donc pliée en deux pour la seconde fois,
Obligée de m'astreindre pendant au moins quatre heures
De garder le moral et être de bonne humeur
Que munie de racloirs éponges et raclettes,
Je traque le brûler jusque dans sa cachette,
Le débusque aux recoins, le récure et le gratte.
L'élimine sans pitié, le détruit le pourchasse.
Quand tout est terminé,
C'est évidemment l'heure de faire cuire le poulet.
Mais resalir le four m'est très désagréable.
Je change de menu, tant pis, c'est regrettable :
Nous mangerons du thon et du riz en salade.
Vous êtes tous témoin, entre chaque émission
De ce long défilé qui déchaîne les passions.
Chacun est concerné et commente les images.
Il y a les excités et ceux qui sont plus sages.
Pêle-mêle on a droit à des flashs élogieux
Concernant à la fois les jeunes et les vieux.
De belles créatures, hommes femmes ou enfants,
Respirant la santé, souvent très élégants,
Disent de belles phrases, ont des mines ravies
Qu'ils exhibent à l'écran pour forcer nos envies,
Nous invitent à manger, boire ou acheter
Car tout est alléchant et de bonne qualité.
On est habitué à voir en vingt minutes,
Au moins trente denrées...La concurrence est dure.
Au rythme des musiques qui déchirent nos tympans,
Tous les soirs, on rumine de mécontentement :
Les fromages, les voitures, les parfums, les crédits,
Certaines pubs aussi que l'on n'a pas compris.
Ça fait parti du jeu, faut se creuser la tête.
Qu'est-ce que c'était ce truc ? où ça ?
Là-bas, derrière. Je sais pas. J'ai pas vu.
Maman, regarde le chocolat.
Quand t'iras faire les courses, dis, tu n'en achèt'ras ?
J'en ai déjà goûté mercredi chez Sophie
L'emballage est pratique, c'est sa mère qui l'a dit.
Bien sûr, j'en trouverai ; peut-être en promotion.
Ils le vendent à la tonne tellement il est bon.
T'auras le chocolat, rempli de vitamines,
Moi, la crème hydratante qui enlève les rides...
.
Bien caché dans ma tête, un coin de paradis,
Dissimulé à l’ombre parmi un champ d’orties,
Attend le jour béni où je savourerai
Les saveurs enivrantes d’un bonheur tant souhaité.
Tout dans cette nature m’attire et me ravi ;
Au pied du Canigou, des villages fleuris
Jouissent du soleil, Dieu de cette vallée
Qui fait mûrir les fruits, sauvages et cultivés.
Le soir, sous les platanes, on danse la sardane.
Les jupes virevoltent grâce à la tramontane.
De Prades à Canet, aussi bien qu’à Collioure,
La lumière jaillit, brille, luit, éclabousse.
Les peintres sont ravis, armés de leurs pinceaux,
Ils habillent les toiles, nous offrent ce cadeau
De voir un paysage et le garder présent,
Que ce soit la montagne, la mer ou un enfant.
Que de jolis jardins aux multiples couleurs,
Et les bois, les forêts, exaltent leurs senteurs
Quand nous foulons du pied leur domaine privé,
Leurs sentiers de montagne, leurs routes ombragées.
Si l’œil est exercé, il vous revient de droit,
Un bijou, un rubis, une fraise des bois.
Cachée dans un écrin, tapis de feuilles vertes
Pour peu que vous soyez curieux de découvertes.
On voit des papillons plus que partout ailleurs,
Butiner dans les fleurs, en prendre le meilleur
Pour survivre quelques heures, peut-être quelques jours
Ivre de ce nectar volé avec amour.
Ce rêve, je le vis chaque jour davantage
Puisque chaque matin, je n’ai plus le même âge.
Voir blanchir mes cheveux, le soir dans mon miroir,
Contrairement à d’autres est un signe d’espoir...
022- Souris
- Bonsoir.
- Eh bien non, le repas n’est pas prêt.
- Parce que cet après midi j’ai acheté un appareil photo et que je potasse le mode d’emploi.
- Ca fait une demie heure que je cherche les explications en Français. Je les ai trouvées en russe, ou plutôt, je crois que c’est du russe. Quelque chose qui ressemble à de l’arabe, de l’anglais, du hollandais, mais point de français.
- Ah ça non ! Il n’est pas question d’aller faire traduire chez mademoiselle Dora Sybelle. Elle n’a pas besoin de savoir que j’ai acheté un appareil photo. Et puis, tu les a vu toi, ses diplômes ? Si ça se trouve, elle est balayeuse à la fac de langues notre jolie voisine. D’ailleurs, je ne lui trouve pas du tout l’air british à ce petit prof.
- Ah, ça y est ! J’ai trouvé. Mais il n’y a que dix lignes. Ma parole ils nous ont juste fait un résumé.
- Oui, c’est un appareil japonais : quoi que…Je me méfie….Quand on achète en France, c’est pas comme si on l’avait ramené de Tokyo.
- Bien sûr on n’a pas eu l’occasion d’y aller, mais c’est une façon de parler. Je crois pas par exemple que le couscous d’Hamed, au coin de la rue vienne d’Alger, ce qui me fait dire que cet appareil japonais est peut-être fabriqué « In France ».
- Mais non, il ne marche pas comme les autres, c’est un numérique. Non, pas comme tous les appareils photo. Avec celui-là on a des photos instantanément. Avec quoi je l’ai acheté ? Mais avec mon argent pardi !!! Depuis deux ans j’économise toutes les semaines pour me l’acheter
- Exact. Je ne gagne pas d’argent ; mais je suis chargée de le dépenser non ? Qui est-ce qui fait les chèques pour l’essence pour que MONSIEUR aille travailler en voiture ? Avoue que ça t’économise quelques semelles et ampoules ; sans compter les trous aux chaussettes pour les cent vingt kilomètres que tu as à faire tous les jours. Tu vois que ça set de savoir écrire, tu peux me dire merci, elle vaut cher ma signature. Alors, de temps en temps, je m’offre un petit cadeau.
- Tu vois, c’est le dernier modèle, le plus perfectionné. Avec celui-là, on fait des photos aussi bien que les pros. Rien à régler, ni au chaud, ni au froid, à l’ombre, au soleil, dedans, dehors….
- Oui. Le jour et la nuit aussi. Moque toi bien de moi. Combien t’en a pris toi des photos dans ta vie ?
- Eh bien d’accord, tu laisses ça aux professionnels. Tu leur laisses aussi de gros billets contre des petites photos. Mais à partir de maintenant, les professionnels, ils peuvent fermer boutique.
- D’ailleurs, le pro de la photo m’a dit qu’il était prêt à l’emploi. Y a donc plus qu’à appuyer sur le bouton et hop on voit la photo immédiatement.
- Ah, ah ! J’en devine une super. En légende, je mettrai « Mon petit mari aux fourneaux ». Allez, regarde-moi, souris. Lève un peu la queue….De la poêle, Ca y est. Dis donc, ce que c’est chouette, quand même, le progrès.
- Attention !!! Oh là, là, là, là. Ca sent les oignons brûlés. Mais tu as oublié de mettre de l’huile, c’est pour ça que ça attache. Tiens ça, laisse-moi faire. C’est trop tard, ils sont carbonisés.
- Tu as faim… Tu as faim. Mais t’inquiète pas, en cinq minutes le repas peut être prêt. Un sachet de soupe déshydratée que je réhydrate vite fait et une tranche de jambon d’York…
- Tu en as mangé hier soir, et alors ? De toute façon, ton estomac ne pourra bientôt plus supporter que les pots pour bébés. Depuis que je te connais, tu te choute au bicarbonate de soude pour éviter les aigreurs d’estomac et, malgré ça, tu passes cinq nuits par semaine la tête dans une cuvette. Je sais pas si tu devrais pas aller voir un docteur. Depuis tout ce temps, la médecine a dû faire des progrès.
- Et je sais pas moi…. une série de piqûres par exemple.
- De toute façon, moins tu mangeras, mieux tu te porteras.
- Avec tout ça, j’ai pas encore vu ma photo. Ooooh !!! Mais c’est un Picasso ! Dis donc, ça ressemble un peu à un volcan en éruption. Bon, fiasco. Je l’annule. Voyons pour la seconde. Tiens, le chien qui dort, là. Voilà.
- Comment ça, j’aurais dû me mettre encore plus loin ? Et les réglages automatiques, ils servent à quoi alors ?
- T’inquiète donc pas. Ca sera tellement réussi qu’on en fera un poster du Médor à sa mémère et on le mettra dans l’entrée. Voilà, comme ça, quand il sera mord, « et le plus tôt sera le mieux, » il sera quand même avec nous et on aura plus besoin de lui préparer sa gamelle. Sans compter que depuis quelques temps, il pue. Et oui, il pue et il se traîne cette loque. Je vais te l’amener chez le véto pour une euthanasie bien propre, ça va pas tarder.
- Alors, ma photo ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que j’ai encore fait ? Cette fois c’est tout noir. Et qu’est-ce que c’est que ces ombres chinoises ? C’est Amstrong qui a dû faire ces photos car je reconnais là un site lunaire comme j’en ai aperçu dans un magazine scientifique l’autre jour chez mon psychiatre. J’ai bien cherché des B.D. ou des romans photos mais y en avait pas. Alors, j’étais bien obligée de regarder ça pour tuer le temps.
- Mais qu’est-ce qui m’a chanté ce vendeur à la manque qu’on pouvait pas en rater une. De deux choses l’une : ou il est menteur ou je suis idiote au point de ne pas savoir appuyer sur un bouton.
- Bon, calme, relax, une…deux…une…deux…
- Affrontons le troisième essaie, comme au rugby. Qu’est-ce qui est vraiment beau et qui mériterait d’être classé parmi les souvenirs à conserver ? Je vois pas, je vois pas bien. Je vois même rien du tout.
Pas la corbeille à linge ;…ni le paillasson où y’avait jadis écrit « Bonjour » parce que maintenant, ce serait plutôt
« Adieu », adieu le vieux tapis. Pas davantage le calendrier de l’amicale des anciens aphones, il me donne la nausée, et encore moins le four qui mériterait le pauvre une bonne toilette.
De toute façon, je ne vais tout de même pas gâcher une photo pour ce taudis, cette ruine, prendre un cliché des plafonds auréolés, des murs salpêtreux, des vitres scotchées ; ou alors, ce serait pour un concours de demeures en péril...
...- Monsieur, mesdames, je me permets de forcer votre porte pour vous présenter une petite merveille. N'ayons pas peur des mots: l'encyclopédie indispensable à tout un chacun, conscient des dangers qui le guette à chaque instant. Mais, je ne me suis pas présenté : Antoine Duplessy.
Dorothy.
Du Plessy de la branche Du Plessy qui fit alliance avec Jeanne d'Orgueil de la Gentill...
Antoine
Non, non, je ne crois pas. Duplessy s'écrit en un seul mot, sans particule.
Dorothy .
Je vois.
Gontran
Mais il n'y a pas besoin de particule. De nos jours, les classes sociales se mélangent.
Dorothy
Parle pour toi.
Gontran.
Enfin, ma petite mamie!
Dorothy
Ne m'appelle donc pas comme ça. Un peu de respect, que Diable, je suis ta mère, tout de même.
Gontran.
Oh! Ce que tu es vieux jeu.
Dorothy.
Pas de scandale devant un étranger, s'il te plaît. Alors, cher monsieur, que nous présentez-vous donc? Ce livre m'a l'air bien imposant.
Antoine.
Indispensable surtout.
Dorothy.
Tenez, prenez un siège.
Antoine s 'approche d 'une chaise .
Dorothy.
Non. Pas celle-ci. Je crains qu'elle ne supporte pas votre poids. Depuis des années, nous la réservons au chat.
Antoine.
Heureux chat! Eh bien, voyez-vous madame, vous venez d'illustrer, tout à fait fortuitement, l'exemple type de l'accident imprévisible.
Gontran .
Imprévisible, pas tant que ça. Moi, j'attends avec impatience que quelqu'un s'y assoit dessus, la brise, l'anéantisse.
Dorothy.
Comment peux-tu être aussi détaché d'un passé qui, somme toute, n'est pas si lointain.
Gontran.
Mais elle tombe en poussière, ta chaise. Elle a trois mille ans.
Dorothy.
Elle est d'époque.
Gontran.
Oui mais de quelle époque? Si tu remonte son arbre généalogique, je paris qu'on arrive à Vercingétorix.
Dorothy.
Ne l'écoutez pas, il est en colère.
Margareth.
Tu sais que tu nous ennuies avec tes manies de conservatisme. Laisse donc monsieur s'exprimer avant qu'il ne prenne racine sans que l'on sache l'objet de sa visite.
Gontran.
Bien dit. Elle parle peu mais elle écoute. Une maille à l'endroit, une maille à l'envers.
Antoine levant le doigt :
Je peux?
Dorothy.
Faites, faites.
Gontran.
Dans ce livre, vous trouverez tous les conseils pour vous sortir d'un mauvais pas. Vous disiez à l'instant que cette chaise, eut égard à son âge, ne pouvait plus supporter de poids. Je vais vous faire une démonstration de l'utilité de ce recueil de conseils.
Antoine s’y assoit dessus. La chaise se brise. Dorothy est surprise et épouvantée.
Gontran se précipite vers Antoine.
Avouez que c'est bien joué. Alors ma chère Dorothy, as-tu prévu un budget pour les obsèques de ta précieuse chaise?
Dorothy.
Goujat.
A Antoine.
Mais comment avez-vous osé? Je vous avais mis en garde.
Gontran.
Pour moi, C'est la meilleure nouvelle de la journée. Ça se fête. Je vous embrasse Antoine.
Gontran enlace Antoine qui regarde les deux dames d’un œil interrogateur.
Dorothy
Alors, que propose votre livre pour remplacer ma chaise?......
Elle se sentit soudain emportée, ballottée, bercée. Elle était entourée de bleu. Des vaguelettes venaient se cogner avec de légers clapotis sur la coque de son embarcation. Elle était installée, dans une jolie barque, sous un ciel d'azur. Il faisait très beau, et elle contempla sa bague qui lui permettait d'atteindre une si grande sérénité. Sous le soleil, dans ce calme, elle s'endormit. Le bruit d'un souffle singulier la réveilla. Inquiète, elle se leva et vit le jet d'eau que faisait une baleine. Elle n'avait pas peur. Elle regardait ce spectacle qui la ravissait. La baleine s'approcha, plongea, remonta, et parla à Vénus le plus naturellement du monde. Elle lui proposa de venir voir le fond de la mer. Vénus accepta. Mais était-ce bien raisonnable? La baleine, qui s'appelait Rachel, l'invita à plonger. Vénus n'eut pas l'ombre d'une hésitation. Elle plongea dans la mer aussi facilement que dans sa baignoire. La baleine lui confectionna une grosse bulle dans laquelle elle se retrouva comme un poisson dans un bocal. Et là, elle rit. Elle rit car c'était elle qui se retrouvait dans un bocal à la place des poissons, et les poissons à l'extérieur de la bulle venaient la voir. Ce qu'elle voyait était ravissant. Il y avait une grande clarté. Les poissons arrivaient de partout. Ils quittaient leur cachette, sortaient de derrière des forêts d'algues, certains surgissaient elle ne savait d'où car la mer était pourvue de roches creuses qui leur servaient d'abri. D'autres encore s'extirpaient du sable et semblaient s'étirer comme elle le faisait le matin en sortant de son lit. Ils sont tous arrivés pour voir cette curieuse créature venue d'ailleurs et qui ne pouvait pas sortir de sa bulle. Un mérou antipathique fonça droit sur elle. Elle cria. Allait-il la mordre? La manger? La bulle résista. Il insista encore mais il fut chassé par des poissons roses qui semblaient habillés de voiles et qui devaient intimider l'agresseur puisque celui-ci s'en fut sans demander son reste. Faisaient-ils office de gardes du corps? Est-ce en son honneur? Ou un rituel quotidien? Toujours est-il que Vénus assista à un superbe ballet orchestré par un poisson rond, noir, barbu qui tournait autour d'une centaine de ravissants poissons de tailles différentes qui semblaient avoir été habillés par de grands couturiers et maquillés par des maîtres- maquilleurs. Ils dansaient un superbe ballet. Les algues battaient la mesure jouée par les vagues. Elle ne se lassait pas de regarder ce qui l'entourait. Les rutilantes étoiles de mer étaient autant de stars dans ce décor grandiose. Les coquilles Saint-Jacques rythmaient la musique de leurs claps incessants. Rachel revint. Vénus comprit qu'il lui fallait quitter ces lieux où elle était étrangère. Elle chevauchait la baleine toujours dans sa bulle.
Habituellement, la salle d'attente était calme. Un à un, les clients restaient silencieux, les yeux sur une revue qu'ils feuilletaient, s'intéressant rarement aux articles longs, faute de temps. Ils parcouraient ainsi rapidement plusieurs mensuels à la manière des enfants qui ne savent pas encore lire et tournent les pages sans en retenir leur contenu. Peu engageaient la conversation avec David, toujours occupé à classer ses papiers. De rares fois, des personnes âgées, sitôt assises, se laissaient aller à la somnolence et devaient se ressaisir pour ne pas plonger dans le sommeil. Certains, ne pouvant lutter étaient réveillés quand venait leur tour. Aujourd'hui, la salle d'attente était pleine, quatre personnes. Le climat n'était plus le même. Ils se mirent à parler. Il y avait là, Bruno, un jeune étudiant, très actif au Moulin, le père Chevillot et sa femme, inséparables et Maxime Fretain. Le couple Chevillot, habitué depuis cinquante ans à fonctionner à l'unisson ne faisait quasiment qu'un seul être, des Siamois qui seraient unis par le même cerveau. Lequel des deux manipulait l'autre ? Bien malin qui pourrait répondre. Gisèle engagea la conversation avec Maxime. Ils parlèrent de leurs enfants et par déduction des petits-enfants.
Maxime était fier de sa petite fille, Joanna, sept ans. Il en parlait comme d'un être d'exception. Elle était intelligente, jolie, ambitieuse. Elle avait une passion. Elle rêvait de participer aux Jeux olympiques. Pour ce, ses parents allaient l'inscrire dans un club de sport. Antoine approuva ce choix en ajoutant que l'association du Moulin pouvait lui apporter beaucoup. Maxime eut une grimace de dégoût. Jamais ! Jamais sa petite-fille ne mettrait les pieds au Moulin. Il baissa la tête et comme pour se parler à lui-même, il confessa que les confidences qu'il avait reçues ne l'encourageaient pas à inscrire Joanna dans un club du Moulin. Cette bande, disait-il devait tôt ou tard finir derrière les barreaux. Bruno lança à David un regard amusé. Monsieur et madame Chevillot crurent bon de lui signaler que Philippe, le dentiste chez qui ils étaient en était le vice-président. Oui, il savait. Il regrettait qu'un homme de si bonne réputation ait su si mal choisir ses amis.
- Vous le connaissez, ce David ?
- Non. De nom seulement. Mais je n'ai nullement envie de faire sa connaissance. Pensez donc, il revient au pays, achète une propriété... Il faut avoir les poches pleines pour se permettre cette folie non ? C'est encore un jeunot. Alors, l'honnêteté dans ces cas-là ? J'y crois pas. La preuve, ces lettres anonymes qui arrivent fréquemment. Mon ami Douxe a sa petite idée. Il enquête. C'est un fin limier, vous savez, un pro. C'est encore une histoire qui fera la une des journaux. Souvenez-vous de ce que je vous dis trafic quelconque, drogue, proxénétisme ou quelque chose dans ce genre. C'est sûr. Je plains ses parents. Je parie qu'ils ne se posent même pas la question à moins que... Non, vraiment. Je ne tiens pas à ce que ma petite-fille vienne perdre son temps ici. Il y a des endroits plus fréquentables si elle veut faire une carrière sportive et artistique.
Philippe ouvrit la porte de la salle d'attente.
- Le suivant s'il vous plaît. Monsieur Maxime Frontain, je crois.
Maxime se leva et le suivit. Monsieur et madame Chevillot continuèrent de parler à voix basse. Dix minutes plus tard, Jeannie et Claire vinrent dire à David qu'elles allaient chercher les enfants à l'école. Elles iraient ensuite au Moulin et le tiendraient au courant de l'avancée des travaux. En partant, elles dirent :
- Au revoir David.
Gisèle Chevillot en resta sans voix. Elle scruta David qui de toute évidence était celui dont parlait Maxime il y a quelques instants. Elle regarda son mari et lui chuchota quelque chose. Ils se levèrent, sans rien dire et sortirent discrètement. Bruno et David rirent de leur surprise.
- Ce que c'est que la jalousie ! Dit Bruno.
- Oui. S'ils savaient comme je suis fauché et me suis endetté pour obtenir ce Moulin !
- On n'empêchera jamais les gens de parler.
- Non, mais Philippe a perdu deux clients.
... Au mois de septembre, la saison où les journées commencent sérieusement à raccourcir, ses enfants l'ont accompagnée dans cette grande maison. Hypocrites ils lui ont expliquée qu'elle serait bien : bien nourrie bien chauffée, bien entourée ; qu'elle ne souffrirait plus de solitude au milieu de la vingtaine de pensionnaires qui partagerait ses journées. Ils avaient omis de lui signaler qu'il lui faudrait également partager leurs nuits agitées de cauchemars.
Thérèse aurait souhaité avoir une aide à domicile, ce qui lui aurait permis de rester chez elle. Son fils préférait la savoir dans une maison de retraite. Elle y laissait pourtant tous ses souvenirs. Là, au moins, la présence de Marcel, son mari récemment disparu était encore perceptible. Chaque jour, elle époussetait les meubles, restait quelques secondes les mains sur l'accoudoir de son fauteuil désormais vide. Elle soupirait, mais, ses objets personnels maintenant inutiles n'avaient pas changé de place : sa pipe, son parapluie, ses sabots dont elle n'avait jamais eu le courage de se débarrasser. Ces instants étaient magiques, pleins de réconfort.
Quand ils l'ont embrassée, elle a compris que son avenir se dessinait bien sombre. Elle les a laissés repartir le cœur serré.
Elle n'avait pas tort. On lui a alloué une petite chambre qu'elle partageait avec une dame plus âgée qu'elle, Rose. Celle-ci tenait des propos décousus. Thérèse n'arrivait pas a comprendre si elle souffrait de surdité ou si elle était légèrement démente. Thérèse était suffisamment valide pour se rendre au réfectoire. Les premiers mois, elle prenait son mal en patience, essayait de s'adapter. Elle n'a pas reçu de visite. Le personnel, quoiqu' aimable, était tellement occupé qu'il lui arrivait de passer des journées entières sans adresser la parole à personne, excepté à l'heure de la toilette et des repas. Son fils n'a pas renouvelé son abonnement à son magazine préféré. Elle regrettait beaucoup cette revue qui lui faisait penser à de bons moments. De plus, elle ne connaîtrait pas la fin du feuilleton qu'elle avait eu tant plaisir à lire. C'est lui qui s'occupait de ses comptes et elle se trouvait désormais sans le moindre centime en poche. Voudrait elle leur téléphoner, leur écrire? Elle ne le pourrait pas. Elle ne possédait ni carte téléphonique, ni timbre, ni enveloppe. Elle attendait qu'il se manifeste. Chaque dimanche, elle assistait à la messe dans une petite chapelle.
L'hiver est arrivé, avec son cortège d'inconvénients. Elle souffrait de ses rhumatismes malgré un bon chauffage. Les mains surtout étaient atteintes ainsi que les épaules. Elle n'osait pas demander de l'aide mais avait beaucoup de peine à manger correctement. Elle prenait les médicaments que le médecin lui avait prescrit. Mais, ils étaient inefficaces. Un jour, elle laissa son assiette pleine faute de pouvoir porter la fourchette à sa bouche. Elle revint dans sa chambre et s'assoupit. Elle rêva qu'elle était partie pique-niquer en compagnie de ses enfants et petits-enfants. Son fils péchait, comme autrefois son mari, sa belle-fille jouait à cache-cache avec Julien et Mathilde et elle, tricotait. Elle était heureuse, il faisait chaud, et, au loin, elle apercevait les montagnes. Elle se réveilla et voulut marcher. A-t-elle été prise
d' un étourdissement? Trébuché? Toujours est-il qu'elle s'est cassé la jambe. Elle a été dirigée vers l'hôpital. Opérée, soignée, elle a reçu la visite de son fils informé par le directeur de la pension de sa mésaventure. Il n'est resté que quelques minutes. Il lui a donné des nouvelles de sa famille et s'est éclipsé, pressé par un quelconque rendez-vous. Elle ne l'a jamais revu. Elle est revenu à la pension des " tilleuls"...
Parmi les contes pour enfants que j'ai écris, voici un extrait de Taupinau, les enfants l'apprécient beaucoup. Ici, ce sont deux petites taupes malicieuses, qui bernent leur grand-père. Qui des enfants ou des animaux copient sur les autres? c'est bien pour ça qu'ils se comprennent si bien.
Zoé et Zouc sont deux petites taupes malicieuses. Elles ne sont pas très obéissantes. Zoé est la plus intrépide. Elle n’est pas de bon conseil pour cette pauvre Zouc. Je dis pauvre Zouc car c’est toujours elle qui se fait réprimander. En effet, forte d’être l’aînée, Zoé manipule sa cadette qui crédule fait bien innocemment des bêtises. Mais, grand-père Taupinau veille. Il est très vieux, impressionnant, trop gros pour se déplacer. Il reste toujours assis dans un coin de sa chambre. Ce sont ses enfants qui lui apportent à manger. Et ils le gâtent ! Des bons vers biens gras, des limaces, des escargots, des larves d’insectes. Taupinau ne sait pas résister à la gourmandise. Pourtant , tout en restant dans son coin, il sait tout. Quand Zoé et Zouc viennent près de lui, il leur dit :
- Alors, petites canailles, vous avez encore fait du toboggan dans l’appartement de l’oncle Finaud et démoli sa galerie. Vous savez pourtant que je vous l’ai défendu ». Comment a-t-il su papi Taupinau ? Il dit encore:
- Quelle est celle qui a eu l’idée de manger le plat de fourmis que tante Adèle avait préparé pour l’anniversaire d’Aglaée ? Elles se regardaient toutes les deux.
- Je sais, dit-il, la tentation est grande mais tout de même, vous avez fait beaucoup de peine à votre tante. En attendant, remontez mes oreillers. Je vais faire une petite sieste. Allez, maintenant, ouste, filez demander pardon à cette pauvre tante Adèle et ne recommencez plus.
Ce jour-là, les deux sœurs ne se le firent pas dire deux fois. Elles calèrent Taupinau dans ses coussins et quittèrent la chambre.
- T’as vu comme papi a de grandes moustaches ? Dit Zoé.
- Comme tout le monde.
- Non, elles sont beaucoup plus grandes que les nôtres.
- C’est normal. Il est aussi beaucoup plus gros que nous toutes tant qu’il ne peut plus bouger.
- J’ai une idée, dit Zoé. Nous allons les couper (Juste un peu)
- Non, je ne veux pas. Il sait toujours tout ce que nous faisons, tu le sais bien.
- Tant pis, on va bien rigoler. Viens. ...
Elle se trouva soudain au milieu des glaces, de la neige, du grand froid. Un vent glacial balayait énergiquement ce pays, fouettait son visage. Elle en ressentit une agréable sensation. Son corps ne souffrait pas du froid. Elle était pourtant vêtue très légèrement mais se trouvait très à l'aise aussi bien que dans son jardin, au printemps, sous la caresse du soleil. Cela ne la surprit pas outre mesure et elle entreprit de marcher. Les fortes rafales de vent l'obligèrent à se plier. La neige, emportée se déposait sur ses cils la forçant à cligner des yeux. Elle marcha ainsi sans rencontrer âme qui vive. Tout à coup, elle entendit un grand rire. Elle ne voyait personne et se demandait si elle n'était pas victime d'une hallucination auditive. Pourtant, le rire se rapprochait de plus en plus. Elle vit arriver, glissant sur son derrière, un ours blanc, énorme boule de poils dévalant la pente, secoué de spasmes d'hilarité. Après l'avoir dépassée, il fit savamment une manœuvre pour faire un demi-tour qui le laissa cloué sur place. Il était débonnaire, attendit que Vénus fût à sa hauteur et lui demanda si elle voulait bien venir avec lui à la plage des jeux. Pourquoi refuser? Les jeux de neige ne devaient pas être inintéressants. Elle accepta. Il lui proposa de s'accrocher à sa fourrure. Sitôt dit, sitôt fait. Elle plongea ses mains dans l'épaisse toison de l'animal, s'assit sur la glace et donna le signal du départ. Jamais elle n'avait été aussi vite. Elle s'amusait beaucoup. Plantin n'avait aucune difficulté à se déplacer ainsi. Il se couchait dans les virages et cette luge vivante déplaçait sa graisse de droite à gauche et vice versa avec une aisance de ballerine. Le trajet était long et agréable. La plage était très populeuse. Elle se composait de nombreux trous creusés dans la glace. Des personnes, adultes et enfants étaient là et, comme Vénus ne semblaient pas craindre cette température glaciale. C'était une ambiance de kermesse générale. Les parents brisaient la glace avec autant d'enthousiasme que s'ils étaient chargés de découvrir un trésor. Les morceaux ainsi récupérés servaient aux adolescents pour construire de véritables œuvres d'art qui étaient l'enjeu d'un concours. Chacun apportait à leur confection la plus rigoureuse précision. Ils mettaient un certain professionnalisme et un point d'honneur à construire ces chefs-d’œuvre de glace. Chaque groupe travaillait avec méthode et originalité. Ils étaient aidés en cela par des phoques et même des pingouins qui, en tant que manœuvres faisaient glisser les blocs comme autant de palets dans un jeu de hockey. Au retour ils amenaient les enfants qui, ravis se faisaient traîner en tenant par la main deux de ces animaux qui se révélaient des animateurs de jeux exceptionnels….
... Quand elle se réveilla, elle était dans un fabuleux endroit. Tout était en miroirs. Était-ce une maison? Un château? Une ville? Elle ne le savait pas. Elle marcha. Partout son image se reflétait en haut, en bas, à droite, à gauche. Sa silhouette, selon les angles et les lumières n'était pas fidèle à sa propre image. Elle pouvait voir dans son corps, ses parents avec leurs expressions, leurs regards, à des âges différents, exprimant des sentiments très divers. L'endroit o elle se trouvait ressemblait à une entrée. Il y avait partout une lumière rose. Elle était très étonnée car elle ne savait pas qu'un tel lieu existait. Elle poussa une porte. La pièce était toujours composée de miroirs mais l'éclairage était vert, d'un vert très tendre, très apaisant. D'ailleurs, elle s'assit sur un des nombreux sièges qui étaient le seul mobilier de cette pièce. Il était très inconfortable. Elle prit le temps de détailler plus avant et sentit qu'elle avait froid. Qui donc pouvait habiter un lieu aussi bizarre ? Car c'était bien une habitation puisqu'il y avait des sièges. Elle appela, personne ne lui répondit. Allait-elle attendre? Non. Il lui fallait trouver une sortie. Ce silence était insupportable. Elle entra dans la pièce contiguë et fut surprise par le bruit contrastant étrangement après le pesant silence qui le précédait. Cet endroit était peuplé d'oiseaux. Ils étaient des centaines mais, par le jeu des miroirs, ils semblaient des milliers. La multiplicité des variétés vivant dans cet endroit clos était surprenante. Sur une stèle, en miroirs, bien entendu, trônait un hibou. C'était un oiseau imposant. Il semblait dormir mais veillait sur tout son entourage. A son arrivée, les oiseaux continuèrent de voler sans changer leur comportement.
- Que veut-elle, celle-là? Dit le hibou.
Elle fut sidérée que l'on s’adresse à elle de cette façon.
- Comment ? Dit-elle, vous parlez ?... Lui demanda son interlocuteur.
Le hibou était tout aussi surpris qu'elle et lui expliqua que dans la maison des miroirs vivaient des personnes et des animaux. Seuls parlaient les chefs de chaque groupe d'animaux. Les personnes vivant sous ce toit étaient muettes. Elles se faisaient servir et ne s'adressaient à eux que par gestes. Les oiseaux lui expliqua-t-il étaient chargés de leur confectionner les tissus, des vêtements très légers, des voiles dont ils entouraient élégamment leur corps. Ils tissaient les fils que fabriquaient les papillons. Ils conversèrent ainsi longtemps. Il lui fit visiter le palais des miroirs où les animaux servaient chacun à leur manière les résidents. Les papillons confectionnaient les fils, les oiseaux cousaient, les grosses tortues promenaient les enfants sur leur dos, les écureuils faisaient des provisions de noisettes, les lapins donnaient leurs poils pour faire d'épais tapis qui servaient de couchage. Si un problème se posait, les plaignants allaient en informer Brus, le lion, qui, dans sa sagesse jugeait de la conduite à tenir. Il n'y avait jamais de condamnation et tout le monde se soumettait à cette autorité. Vénus voulut connaître une autre aventure mais elle hésitait à demander une faveur à Maître hibou, Beloeil, son nouvel ami. Pourtant, au moment de partir, elle demanda la permission de monter sur le dos d'un papillon. Beloeil la regarda et se demanda si cette jeune fille qui parlait comme lui avait toute sa raison. Elle réalisa que sa taille n'était pas compatible avec le moyen de locomotion convoité et le rassura en lui expliquant que ce détail pouvait s'arranger sur sa simple volonté. Il était sceptique mais accepta. Ils allèrent dans la salle des papillons. Maître Beloeil demanda un volontaire pour une mission de confiance. Aussitôt, plusieurs candidats se présentèrent. Le chef hibou les examina et contrôla leur état physique en leur faisant passer une visite médicale très sérieuse, vérifiant l'état de leurs ailes et leur capacité respiratoire sans oublier un examen oculaire indispensable. Il choisit un splendide papillon bleu électrique, fluorescent, tacheté de jaune d'or. Il était prêt à entreprendre un long voyage avec elle.
Les premiers jours d'août, nous vîmes arriver nos campeurs. Monsieur le Curé et ses jeunes débarquèrent un beau matin à la gare. Ils avaient passé la nuit dans le train, peu dormi, mais étaient prêts à affronter des vacances à la dure. Ils étaient chargés. Chacun portait un énorme sac à dos auquel souvent venaient se surajouter divers objets hétéroclites. Les deux plus grands en taille tiraient un chariot de fabrication artisanale. Il contenait les ustensiles de cuisine, bouteille de gaz, seaux, bassines. Ils rallièrent le Moulin, souvent sur la route à cause de leur attelage, tantôt en prenant les raccourcis que les chemins leur permettaient. Ils marchaient lentement. Il commençait à faire chaud lorsqu'ils arrivèrent. Ils furent agréablement surpris en voyant ce cadre pittoresque. Benoît posa son barda et commença à se déshabiller. Les ouvriers lui déconseillèrent un bain dans la rivière. L'eau était froide, très froide. Monsieur le Curé, qui se faisait appeler Père par ces adolescents leur interdit la baignade. Mais ses paroles durent se perdre avant d'atteindre les oreilles de Benoît qui, en slip, tâta l'eau de la pointe de ses orteils. Avant que quelqu'un ait eu le temps d'intervenir, il plongea. Il nageait sous l'eau comme un poisson. Quand il remonta, il s’ébroua comme un jeune chiot et déclara :
- Elle est fraîche.
Monsieur le Curé s’égosillait à leur expliquer qu'en priorité, il fallait monter les toiles. L'exemple de Benoît fut suivi par trois ou quatre courageux. Les autres profitèrent de cet intermède pour soulager leurs épaules de la charge qu'elles supportaient. Les bagages s'entassèrent. Les jeunes s'allongèrent dans l'herbe. Benoît invitait ses copains à venir. Il plongeait, nageait, remontait, barbotant, éclaboussant les plus proches. Samuel voulut s'offrir son premier bain. Il plongea son pied afin d'évaluer la température de l'eau.
- Ma parole, elle vient de Norvège, elle est glacée.
- Mais non, allez... Viens.
Denis, à plat ventre attrapa la cheville de Samuel qui, déséquilibré, tomba inopinément. Il remonta comme un bouchon, hurla. Il était furieux contre son copain. Il sortit de l'eau, soutenu moralement par Benoît qui ressemblait à un schtroumpf. Il était bleu, bleu de froid. Les ouvriers, habitués à la rivière désapprouvèrent cette baignade. Ils les mirent en garde contre une hydrocution. Monsieur le Curé, partagé entre le désir de satisfaire les jeunes et celui de veiller à leur sécurité, décida d'en parler avec eux, le soir même. Tout le monde reprit son paquetage. Ils se dirigèrent vers le coin prévu pour leur campement. Au passage, ils saluèrent les ouvriers occupés à couler les fondations de la salle prévue pour l'association. Monsieur le Curé leur demanda de se grouper à deux, trois ou quatre selon les places disponibles dans les toiles de tentes. D'emblée, Denis et Samuel étaient d'accord pour ne pas être ensemble. C'était une bonne chose ; au moins, il n'y avait pas de fausse note. Quand ils se furent concertés pour leurs places respectives, ils montèrent leur mini camp.
« Damnée empreinte », peut intriguer ou surprendre. Lisez donc ce roman Angoissant. "Damnée empreinte. Pensez -vous trouver le secret, seul ? C'est un roman policier dans lequel un corbeau entretient le suspense en commettant des tortures. Un suspense intense nourrit ce thriller. N’ayez pas peur de lui. Ouvrez le. Il vous amènera de page en page, de chapitre en chapitre vers des sommets que vous n’imaginez pas. David, un homme jeune, plein d’entrain, d’enthousiasme, de générosité, entrepreneur à l’occasion, a su persuader les habitants de son village, par des arguments convaincants du bienfondé de la réhabilitation d’un grand terrain communal sur lequel demeure encore un moulin en ruine. Après avoir discuté des modalités auprès des représentants de la municipalité, ils sont séduits par ce projet dans une forte proportion et acceptent de participer à la construction d’une maison des associations. Plus ou moins concernés, ils s’investissent avec ardeur, courage et détermination. Malheureusement, au fil des jours, ils trouvent des petits mots, qui leur font vite comprendre qu’un corbeau est réfractaire à cette réalisation. Effectivement les mises en garde sont toujours suivies de méfaits, de plus en plus souvent et de plus en plus graves, jusqu’à la disparition d’une fillette. De ce jour ils seront tous concernés et tourmentés. Ils connaitront un cauchemar permanent, la peur, la suspicion, l’angoisse, l'horreur. Faites vous le témoin, l’enquêteur, observez, notez, suivez cette histoire et n’en perdez pas une miette.
Non; ce n'est pas un conte, ni même une fable.
L'histoire est réelle et c'est avec plaisir
Que je peux témoigner de manière notable,
De la chance qu'ensemble ils ont voulu saisir.
Ce sont deux tourtereaux, deux pigeons, deux adultes,
Ils ont construits leur nid de leurs ongles et leur bec.
Se sont trouvés parfois sur une pente abrupte
En évitant toujours les vieux troncs de bois sec.
Voilà deux baroudeurs, compagnons de voyage
Qui depuis soixante ans cheminent pas à pas
Dans un même univers, glissant dans leurs bagages,
Leurs meilleurs souvenirs, ceux que l'on n'oublie pas.
Ils ont fait du chemin, ce sont brulé les ailes
Quand parfois le soleil devenait trop ardent,
Et se sont rafraichis tout près de la rivière
Qui console, guérit, apaise les tourments.
Aujourd'hui, très sereins, ils restent au pigeonnier
Ayant abandonné leurs courses téméraires
Pour surveiller de loin leur petite nichée
Comme seuls savent faire un père et une mère.
Nous sommes très fiers d'eux, de leur vitalité
Et pour les honorer comme ils le méritent
Aujourd'hui tous en chœur, nous allons roucouler
" Vivre à tire-d'aile est une réussite."
... Au repas, ils eurent beaucoup de choses à se dire. Les journées raccourcissaient et ils durent mettre un lainage pour manger dehors. La fatigue du voyage les incitait à aller au lit tôt. Papi et mamie partirent. Claire coucha les enfants. David ferma les volets. Coralie n'eut pas le temps de réclamer une histoire. Elle dormait. Pour profiter des derniers jours de vacances, Coralie allait souvent chez ses grands-parents. Claire restait seule, avec Rémi. Elle en profitait pour se reposer. Un après-midi, elle s'était installée dans le jardin, sur le transat, un livre à la main. Rémi gazouillait dans son landau. Elle s'endormit. Quand elle se réveilla, elle reprit sa lecture là où elle l'avait laissée. Quelques phrases lui remirent l'histoire en mémoire. Elle changea de position et s'aperçut que le landau n'était plus à sa place habituelle. Elle se leva d'un bond, fit tomber le livre et courut dans le jardin. Elle ouvrit le portail. Personne. Il n'y avait personne et le landau avait disparu. Elle chercha à repérer les traces des roues, mais l'herbe ne lui laissait aucune chance. Elle criait :
- Au secours ! Au secours ! Elle s'élança dans les allées, courut. Elle revoyait la scène du jour de la disparition de Fanny, ces recherches vaines les conséquences de cette journée dramatique, l'état dépressif de Jeannie. Allait-elle à son tour subir le même sort et retrouver son enfant torturé ? Des jeunes, en vacances, l'entendirent appeler. Ils commencèrent les recherches avec elle. Fabien prit son scooter et partit pour avertir la gendarmerie. Claire pleurait, fouillait les buissons, se griffant les jambes, les mains, repartait plus loin. Fabien revint, quelques instants plus tard, le sourire aux lèvres.
- Ne vous inquiétez pas, je l'ai retrouvé. C'est votre belle-sœur et votre neveu qui le promène.
- Où ? Où sont-ils ?
- Dans le chemin qui mène au tir à l'arc. Ils vous ont répondu, mais vous ne les avez pas entendus. Bientôt, elle reconnut le landau, poussé par Jeannie et Alexandre. Un grand frisson lui parcourut le dos. Elles se firent des signes. Quand elles furent à portée de voix, Claire éclata en sanglots.
- Fanny, Rémi, ce n’était pas possible. Pourquoi ne m'as-tu pas réveillée ?
- Je t'ai parlé, mais tu dormais si profondément. Je t'ai laissé un mot près de ton livre. Tu ne l'as pas vu ?
- Non, le vent a dû l'emporter. Je me suis affolée. Elles prirent le chemin du retour. Claire en voulait à Jeannie, mais ne lui montrait pas. Elle avait elle-même tant enduré que ça serait l’offenser que de l'accuser de lui faire ce mal là. Elle essaya d'être le plus naturel possible. Les mots restaient étouffés dans sa gorge. Jeannie pour sa part réalisait ce qu'avait dû être cette angoisse après tout ce qu'ils avaient vécu les uns et les autres avec des fortunes diverses.
- Excuse-moi, je pensais que tu verrais le papier. Jamais plus je ne me permettrai ce genre de liberté vis-à-vis de tes enfants. Ça fait trop mal.
Petits prix, soldes, rabais, réductions,
Que n'ai-je entendu pendant cette journée
Où bien plus que Mimoun, je me sens lessivée
Par cette course folle à travers les rayons,
De boutique en boutique comme un vrai marathon ?
Quand on est arrivé, une ambiance de fête
Accueillait les clients et leur tournait la tête.
On se sent attiré par toutes ces vitrines,
Ces tissus cotonneux, ces laines, ces feutrines.
La tentation est grande car tout bien réfléchi,
Toutes les étiquettes offrent des petits prix.
Mais, en regardant bien, si on est difficile,
Y a toujours quelque chose, un détail peu visible,
Qui n'attire pas l'œil, enfin que l'on néglige,
Qui les rendent immettables, sont source de litiges,
Mais par quoi commencer ?
Entre les pantalons et les pulls à la mode,
A des prix sacrifiés comme le dit l'annonce,
On regarde, on choisit, enfin on délibère.
Il s'agit de savoir si on laisse ou si on achète.
Après avoir choisi trois tailles différentes,
Je me décide enfin et je vais essayer,
Ce joli chemisier simple mais très coquet.
Cabine d'essayage...
Quinze personnes au moins repensent leur planning,
Râlent et s'impatientent, trouvant inadmissible
De mettre autant de temps pour essayer un jean.
J'attends donc cinq minutes, retourne sur mes pas,
Pose mes chemisiers, à regret, tout en tas
Et d'un pas décidé quitte le magasin,
Son confort, sa chaleur, ses soies et ses satins
Pour me fondre dans les rues, toute encapuchonnée,
Grelottant dans la rue avec les pieds gelés,
Regrettant de ne pas avoir pour l'occasion,
Une veste en fourrure, un manteau de vison...
David arriva au restaurant après avoir eu du mal à garer sa voiture. Du mal, façon de parler ! Pas plus que d'habitude seulement, aujourd'hui, il n'avait pas eu la patience d'attendre que le précédent usager déplace convenablement son véhicule. Il avait klaxonné le pauvre chauffeur, incapable d'aller plus vite. Celui-ci l'avait regardé, hébété en lui faisant signe de se calmer. David ne put supporter cette remarque. Il s'était mis à l'injurier gratuitement sous les regards des passants stupéfaits. Sa manœuvre terminée, l'automobiliste pris à parti, pour en finir démarra précipitamment, contrairement aux usages, en faisant crisser ses pneus.
David entra dans le restaurant. Il repéra la table de ses amis et les rejoignit. Visiblement, ils avaient entendu les éclats de voix. Philippe crut bon de n'en pas tenir compte. Il parla du côté positif de cette journée. David était évasif. Alexandre et Fanny, assis côte à côte se disputaient un morceau de pain. Coralie les regardait sans broncher. Jeannie intervenait pour les mettre d'accord, mais son manque d'autorité rendait son intervention inutile. Ils se turent lorsqu'ils furent servis. Occupés à manger, ils oublièrent leurs griefs. Philippe, lui, parla de Claire, sa sœur, venue habiter chez eux pendant six mois avec sa fille pendant que son mari était parti en mission sur un chantier, en Finlande. Au cours de la conversation, David oublia sa rancœur. Le repas était bon, l'ambiance chaleureuse. Philippe et Jeannie pressaient les serveurs. Ils voulaient profiter de la présence de Claire qui garderait les enfants, pour aller au cinéma. David se proposa de raccompagner Claire et les enfants pour leur permettre de profiter pleinement de leur repas. Elle était d’accord. Ils se quittèrent. David, nanti du rôle de chauffeur de taxi, dut reléguer dans le coffre de la voiture tout le fourniment qui traînait sur les sièges. Il s'excusa auprès de Claire, debout sur le trottoir, qui attendait, Fanny assoupie dans ses bras. Il fit monter tout le monde et les raccompagna chez Philippe.
En rentrant chez lui, il s'allongea sur le lit, se recroquevilla et s'endormit tout habillé. Le lendemain matin, sa mère frappa à la porte. En se couchant, il avait oublié de monter le réveil et le sommeil profond ne lui avait pas permis de se rendre compte de l'heure. Ses parents, au petit-déjeuner, commentaient la fête de la veille. Ils avaient entendu beaucoup d'encouragements. Les gens étaient satisfaits de cette formule. David bougonnait. Dommage, pensait-il que ceux qui étaient déçus ne le disent pas aussi ouvertement. Il y aurait une belle confrontation.
Il arriva au travail, chez Philippe légèrement en retard. Le premier client était déjà là. Il s'excusa. Philippe le vit inquiet et le rassura par quelques paroles encourageantes. David haussa les épaules. Il n'était pas d' humeur à accepter si facilement un réconfort, même donné avec les meilleures intentions. Il s'occupa, comme d'habitude, consciencieusement. Vers onze heures, Jeannie et Claire vinrent le saluer, suivies de leurs enfants. Spontanément, Fanny vint s'asseoir sur ses genoux. Elle réclamait un baiser, tendant son petit museau et s'étirant pour atteindre ses joues. Il était terriblement maladroit avec les enfants. Il essayait d'esquiver cet élan affectueux que lui portait cette gamine. Jeannie, ayant remarqué cette indifférence à leur égard, comprenait sa gêne et s'amusait à le voir si timide et si mal à l'aise. Elle regarda Claire qui faisait des efforts pour éviter de rire de la situation. Il essaya d'être naturel, embrassa Fanny, furtivement, sur le front, mais ne sut pas entamer le moindre dialogue. Il n'osait pas la toucher. Jeannie fit descendre la fillette qui serait volontiers restée.
- Et moi ? Dit Coralie, à peine plus âgée. Elle ne voulut pas être en reste avec sa cousine. Elle embrassa David, ou plutôt, lui vola un baiser.
- Tu piques : dit-elle. Il mit sa main sur sa joue, rougit devant ces dames. Trop en retard, ce matin, il avait négligé de se raser. Il se sentait pris en flagrant délit. Pour une fois, qu'il s'était permis cet écart, il fallait que ça se remarque particulièrement, et que ça se dise...
Le capitaine Douxe était derrière lui. Il frottait ses moustaches, regardait le carrelage.
- Entrez : lui dit-il.
Il le fit asseoir et expliquer clairement ce qui s'était passé.
- Je viens de vous le dire.
- Non. Vous avez hurlé, vociféré des insultes envers mon collègue, mais vous n'avez rien expliqué.
- Chaque fois, c'est la même chose. Je vous signale les faits, je vous porte les lettres anonymes et je n'entends plus parler de vous jusqu'à ce que je revienne vous conter la même histoire avec un acte méprisable supplémentaire. Y en a marre ; marre ; vous entendez.
Il criait.
- Quand faites-vous des rondes pour le surprendre ? Quand ? Ça ne vous intéresse pas hein ? Vous ne vous sentez pas dans le collimateur. Ah ! Si c'était quelqu'un de votre famille qui était visée, y a belle lurette que sa photo aurait fait la une des journaux.
- C'est fini ?
- Oui. Mais je l'aurai. Il faudra bien qu'un jour ou l'autre, il fasse une fausse note. Ce jour-là, ce n'est pas une feuille blanche que je vous ramènerai.... C'est un cadavre.
- Oh là... Oh là... Vous vous emportez encore. Résumons si vous le voulez bien. Cet après-midi, le Curé et les enfants sont partis se promener. À quelle heure sont-ils revenus ?
- Je ne sais pas, moi, je ne lui ai pas demandé.
- Je vous pose la question parce que, à ce que je sais, il y a toujours quelqu'un là-bas. Vous êtes en plein travail au Moulin, à la salle. Peut-être un témoin a-t-il vu quelque chose ? Est-ce le cas ?
- Je n'en sais rien, moi. Vous n'avez qu'à aller leur demander. C'est votre boulot pas le mien. Je viens vous rapporter les faits un point c'est tout.
- Bon, bon, j'irai me renseigner. Encore une petite question. La dernière lettre anonyme que vous avez reçue, vous l'avez bien trouvée sur votre pare-brise, n'est-ce pas ?... Voyons... C'était la veille de la fête de l'école et vous aviez monté la garde pour le surprendre. Exact ?
- Oui. Mais nous nous étions endormis sur le matin avec Robert Authin. En réalité, il y en a eu une autre, si l'on peut dire. Je ne vous l'ai pas apportée, car les papiers collés dessus étaient blancs, vierges. C'était le lendemain de l'arrivée des campeurs. Des pierres avaient été jetées la nuit dans le ciment frais et à proximité, nous avions trouvé cette feuille signée de par l'absence de tout texte précisément. Il est très malin.
- D'accord, je vais noter tout ceci dans le dossier. Je vous remercie de votre collaboration. Soyez tranquille, nous nous en occupons. Votre cauchemar va bientôt se terminer.
- J'espère.
INTERVIEW AUTEUR
Présentation de l’auteur :
- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
- Bonjour amis lecteurs, je tiens tout d’abord à remercier Nathalie qui a eu la curiosité de se rapprocher de mon livre. Je suis auteur, je viens de publier mon troisième ouvrage. C’est un thriller « Damnée empreinte » il a été précédé de « Les alizés » un recueil de nouvelles qui lui-même suivait « Myosotis » un roman humoristique qui aujourd’hui est épuisé. - Comment vous est venu l’envie d’écrire ? Depuis combien de temps écrivez-vous ?
-J’étais encore à l’école primaire, au CE2. Je me passionnais pour un exercice que notre instituteur de l’époque nous imposait toutes les semaines. Il s’agissait d’écrire un texte libre. Nous avions toute la semaine pour le préparer et nous le lisions en classe le samedi matin. Suivait le vote qui consistait à écrire le nom du camarade qui avait écrit, à son avis, le meilleur texte de la semaine. Il suffisait d’écrire son prénom sur son ardoise et de lever la main. L’instituteur comptait celui qui avait obtenu le plus de voix. Le texte était retenu et nous faisions la semaine suivante tous les exercices de français en se basant sur ce texte. C’était extrêmement enrichissant. Tout ce qui s’y rapportait me plaisait beaucoup. J’avais toujours hâte, à l’époque, d’arriver au samedi. J’ai commencé à quatorze ans à faire mon premier concours de poésie. Plus tard, j’ai écrit des poèmes lors d’occasions spéciales, anniversaires de mariage, naissance, anniversaires etc… Travaillant avec des enfants en maternelle, j’ai écrit des contes, puis des nouvelles, des sketchs ainsi qu’une pièce de théâtre. Je faisais beaucoup de concours ce qui m’incitait à continuer.
- Quels sont vos rituels d’écriture ?
Franchement, je n’ai pas de rituel mais quand j’ai la possibilité de m’isoler pour écrire, je le fais avec plaisir. J’aime beaucoup écrire à la plage par exemple ou le soir dans le calme.
-Quel est votre rythme d’écriture ? Quand vous écrivez, plutôt ordinateur ou papier ?
J’écris lorsque je suis seule, je ne peux pas écrire s’il y a du bruit, ou de la musique. Il me faut beaucoup de calme. J’ai longtemps écrit sur papier. Maintenant, j’écris sur l’ordinateur.
- Quand vous écrivez, avez-vous la trame ou laissez-vous évoluer vos personnages ?
- Quand, j’écris, j’ai le point de départ de mon texte. Ensuite, je me laisse guider par les mots qui arrivent seuls, sans contrôle. Je ne prévoie rien, je n’ai pas de plan. Pour des textes courts, nouvelles, contes ou sketchs, j’ai l’impression que je regarde cette histoire et que je n’ai plus qu’à la retranscrire. Pour ce qui est des romans, je choisis un sujet, le titre et une fin. L’histoire se déroule seule, les personnages font leur vie à leur guise, je les suis, les accompagne. En réalité, je les découvre comme si je regardais un film. Je vois les images, j’entends les dialogues. Je n’ai qu’un rôle de traductrice. - Avez-vous des passions en dehors de l’écriture ? Un travail ? Heureusement pour moi, je vis comme tout le monde. L’écriture est un simple dérivatif, une passion qui n’est qu’une petite partie de mon existence mais qui compte beaucoup. J’ai eu des périodes ou je faisais de la broderie, du mini point de croix, du tricot main ou machine, de la peinture. Bref, j’aime beaucoup créer. J’ai également fait pendant une quinzaine d’année du vélo de course. Aujourd’hui je fais de la marche et de la randonnée.
- Quels sont vos auteurs favoris, ceux qui vous inspirent ?
- J’aime beaucoup lire mais je ne me cantonne jamais dans un style. J’ai lu aussi bien TolKien, que Bernard Clavel, Pierre Bellemare, Christian Signol. Dernièrement j’ai également lu « Les lois du ciel » de Grégoire Courtois, et « Quatre racines blanches » de Jacques Saussey. Ce ne sont que quelques exemples de lectures très différentes mais qui m’apportent autant de plaisir. J’aime écrire selon différents registres, pour les enfants, les adultes, des contes, de l’humour, des sketchs en vers, du thriller angoissant et obsédant, de la poésie. Quels que soient les sujets j’éprouve autant de plaisir à les écrire. Je n’ai jamais cherché à ressembler à un écrivain quel qu’il soit. La vie nous offre un tel étalage d’émotions qu’il n’y a qu’à y piocher et tout devient possible.
- Avez-vous des coups de cœur littéraires ? Des livres qui ont marqué votre jeunesse ?
Dans ma jeunesse, je n’avais pas l’occasion de lire, pourtant j’ai un souvenir. J’étais allée chez une cousine qui m’avait acheté un livre illustré. Il s’agissait du « Capitaine Crochet ». J’étais terrifiée rien qu’à voir l’illustration sur la couverture. Ensuite, il y a eu la série des « Martine »et « Les petites filles modèles. » C’était un autre temps et une autre époque.
- Votre livre de chevet du moment ? Je lis « Harricana » de Bernard Clavel.
Présentation de votre livre : Pouvez-vous nous résumer votre livre en quelques phrases ?
- « Damnée empreinte » est un thriller qui raconte l’histoire de David, un homme jeune qui las de sa vie en ville décide du jour au lendemain de changer de vie. Il revient, dans son village natal, s’engage dans un projet dans lequel il entraine une bonne partie des habitants. Il s’agit, après l’acquisition d’un grand terrain vague d’y construire une maison des associations. Le vieux moulin en ruine qui s’y trouve restera sa propriété. Tous étant concernés ils s’investissent avec joie dans ce projet. Les travaux avancent mais ils découvrent des petits mots suivis de méfaits de plus en plus graves. Un corbeau rode… L’histoire va prendre une tournure dramatique le jour de la disparition d’une fillette.
- Pouvez-vous nous parler de l’univers que vous avez créé dans votre livre ?
- Ce livre dépeint le chaos provoqué dans un village, une série d’incidents qui peu à peu s’amplifie, laissant les protagonistes dans le doute, l’angoisse et la suspicion. La peur règne en maître. L’histoire va crescendo, de page en page, de chapitre en chapitre. Imaginez seulement que les 330 pages de ce livre sont les marches de l’escalier d’un bel édifice que vous venez visiter pour avoir une vue splendide de là-haut. Durant les premières marches, tout se passe bien. Vers la 100° vous commencez, même si vous êtes, comme je le pense, en bonne santé, à être essoufflé. Votre respiration vous manque. Mais vous n’allez pas en rester là, ce serait regrettable. Alors, vous montez encore, en vous tenant à la rampe. Maintenant vos jambes sont lourdes. Vous arrivez bientôt à la 300°. Vous faites rapidement une petite halte, manière de reprendre votre souffle et, rassemblant tout votre courage, malgré des douleurs de plus en plus tenaces, vous gravissez fièrement les dernières marches. Vrai ; vous avez souffert. Mais cette ascension n’en valait-elle pas la peine ?
- A qui s’adresse votre livre ?
- A tous ceux qui aiment vibrer, qui recherchent le suspens, l’émotion forte, l’adrénaline. A ceux encore qui font corps avec les personnages, les soutiennent, les portent et partagent leur combat.
- Avez-vous voulu faire passer des messages au travers votre livre ?
- Non, pas spécialement.
- Les personnages sont-ils imaginés ou ont-ils existé ? Les personnages sont tous fictifs. Rien de tout ce qui est écrit ici n’a existé. C’est uniquement le fruit de mon imagination.
- Combien de temps avez-vous mis à écrire votre livre ?
- Un an environ, à temps perdu.
- Auto-édité ou dans une ME ? Pourquoi ce choix ?
- C’est mon troisième ouvrage. Il est autoédité. J’ai été éditée à compte d’auteur et cette expérience a été désastreuse. J’ai donc choisi l’autoédition.
- Avez-vous des projets ? Faites-vous des salons ?
-Je ne cherche actuellement qu’à vendre mes livres. J’ai d’autres ouvrages à éditer, mais j’aimerai attendre de savoir comment se vend celui-ci avant d’avancer sur d’autres projets. Je ferai volontiers des salons dans ma région lorsque les conditions sanitaires le permettront.
- Où vous suivre ?
- Vous pouvez me trouver sur Facebook à la page « sylvie niffle-cassagne mes livres . (Sylvie Niffle-Cassagne) » ainsi que sur mon site dans lequel je vous invite à entrer pour une visite. N’oubliez pas le blog « Notre petite pose récréative » dans lequel je poste beaucoup d’extraits de textes inédits. https://www.snc-auteur.frBonne lecture, chers lecteurs. Au plaisir d’avoir de vos nouvelles. Merci à vous pour cette interview en espérant avoir donné envie à des lecteurs de découvrir votre plume en se plongeant dans la lecture de vos livres.
Damnée empreinte
Présentation
« Damnée empreinte », ce thriller, intrigue et surprend. N’ayez pas peur de lui. Ouvrez-le. Il vous amènera de page en page, de chapitre en chapitre vers des sommets que vous n’imaginez pas. David, un homme jeune, plein d’entrain, d’enthousiasme, de générosité, entrepreneur à l’occasion, a su persuader les habitants de son village, par des arguments convaincants du bien-fondé de la réhabilitation d’un grand terrain communal sur lequel demeure encore un moulin en ruine. Après avoir discuté des modalités auprès des représentants de la municipalité qui sont séduits par ce projet dans une forte proportion et acceptent de participer à la construction d’une maison des associations. Plus ou moins concernés, ils s’investissent avec ardeur, courage et détermination. Malheureusement, au fil des jours, ils trouvent des petits mots, qui leur font vite comprendre qu’un corbeau est réfractaire à cette réalisation. Effectivement, les mises en garde sont toujours suivies de méfaits, de plus en plus souvent et de plus en plus graves. Vous voilà dans un thriller psychologique « Damnée empreinte » dans lequel régnera, l’angoisse et la peur. De ce jour, ils seront tous concernés et tourmentés. Ils connaîtront un cauchemar permanent ainsi que la suspicion. Vous les suivrez dans leur quotidien, ils sont aussi bouleversés les uns que les autres. Ils apprendront à survivre, et feront fortuitement de sacrées découvertes. L’enquête est difficile, peu d’argument viennent étayer leur enquête. Le capitaine Douxe ne sait plus où donner de la tête. Il en vient à soupçonner tout le monde au grand dam de ses amis. Alexandre prend son mal en patience, mais souffre beaucoup. Heureusement, de bonnes nouvelles viendront leur mettre du baume au cœur. Faites-vous le témoin, l’enquêteur, observez, notez, suivez cette histoire et n’en perdez pas une miette, ce serait dommage.
A la croisée des chemins. ....
J'ai pris un livre mais je ne pouvais pas lire à cause du bruit. Alors, je me suis relaxée en fermant les paupières. J'ai entendu frapper. Je suis allée ouvrir.
- « Alors, tu es prête ?
- Oui, j'ai mis un peu d'ordre »
Il s'approche de quelques pas.
- « Oh ! Super. T'as de la place au moins.
- Ben oui, ça manque de meubles.
- Attends, j'ai une idée. Et si on venait danser chez toi ? Non. Ça te dérange.
- Oh, tu sais. Combien sommes-nous ?
- Une quinzaine.
- Ouah ! Ça sera petit.
- Oui, mais chez moi c'est pire.
- Alors d'accord.
- On va laisser les portes ouvertes et monter le son.
- Que vont dire les voisins ?
- Y en a pas. Nous sommes tous de l'immeuble. Que des étudiants, c'est chouette, non ? Avoue que tu aurais eu tort de refuser.
- Certes.
- Viens, on va les chercher. »
Il m'a présentée: Clara. Et j'ai vu défiler dans mon studio tous les habitants de l'immeuble. Nous avons dansé, mangé, bu, chanté. La soirée s'achevait. J'étais éreintée au sens propre du terme et tombais de sommeil. Tout à coup, Fabrice, avec qui j'avais beaucoup dansé s'est arrêté devant mon bureau et a dit :
- « Ouah! C'est pas possible, j'ai la même à photo. »
Je me suis approchée, incrédule.
- « C'est mon frère et moi lorsque nous avions cinq ans et trois ans.
- Mais alors, tu es ma sœur ! »
Du coup, plus personne n'a pensé à se séparer. Nous sommes restés tout le reste de la nuit à reconstituer notre vie qui avait suivi des rails parallèles. Enfin, pas si parallèles que ça puisque le hasard a voulu que nous nous retrouvions aujourd'hui ....
...Toute la nuit, elle rumina cette nouvelle qui en fait n'en était pas une. Depuis des mois, ils travaillaient ensemble, côte à côte. Claire, n'ayant aucune attache particulière avec le Moulin, il était évident que seuls les sentiments jouaient un rôle dans cette attitude. Elle allait devoir se faire à cette idée. Bien sûr, Claire était une jeune femme fragile, émotive qui gardait encore en elle les cicatrices d'un deuil cruel. Elle devait affronter la vie et élever sa fille. Quoi de plus normal que David fut la personne la plus disponible pour l'aider et la soutenir ? Mais l'amour dans tout ça. Avaient-ils conscience que leur couple servirait de support à Coralie ? David devait remplacer l'absent. Saura-il, assumer ? Elle s'était posé mille et une questions. Au matin, elle était épuisée. Elle avait échafaudé des plans et repensé aux beaux meubles du grenier contenant des merveilles. Quand David se leva, elle lui prépara son café et lui proposa d'emporter les meubles du grenier ainsi que leur contenu. Il hocha la tête, l'air désenchanté. Apparemment, il avait d'autres projets. - C'est bon, répondit-il. J'en parlerai à Claire. Ce sera à elle d'en décider. Marc et Blanche eurent un pincement au cœur. C'était déjà à elle d'en décider. Pourtant, David avait toujours su prendre des initiatives. Était-il dominé à ce point qu'il devait derechef demander l’avis de Claire ? Dans la journée, il leur téléphona. Claire viendrait manger avec eux le soir et ils débattraient de la proposition qu'ils avaient éludée ce matin. Dans l'après-midi, Blanche monta au grenier. Elle chercha longtemps la clé du bahut. Elle finit par la découvrir dissimulée dans le tiroir d'une coiffeuse. Elle ouvrit. Du linge jauni apparut des serviettes de table, des nappes, des draps, des couvertures. Le tout était bien aligné. Dans des tiroirs, elle trouva des gants, des rubans et dans une cassette, des bijoux. Il y en avait pour une fortune. Elle se demandait comment et pourquoi tout ceci avait été abandonné. À qui avaient-ils appartenu ? Quand Marc revint du Moulin, elle lui montra ses trouvailles. Il était tout aussi surpris qu'elle. Se pouvait-il que ses parents ignorent tout ceci ? Pourquoi sa mère ne lui en avaitelle jamais parlé ? Le soir, Claire et David furent à leur tour confrontés à cette découverte. Claire n'osait pas accepter cette offre bien tentante. Pourtant, dans leur Moulin, ces meubles anciens seraient tout à fait mis en valeur. Ils décidèrent de les nettoyer pour en retrouver la patine. Marc et Blanche, dans la semaine les vidèrent afin d'effectuer convenablement la remise à neuf de ce mobilier. Cela dura tout le mois. Blanche dressait l'inventaire de tout ce qu'elle découvrait. Il y avait là de quoi meubler tout un appartement. Depuis quand, la vaisselle et le linge avaient-ils été si soigneusement rangés ? Elle n'en avait aucune idée. Elle remplissait des caisses que Marc, petit à petit descendait afin de nettoyer leur contenu. Tout le linge était brodé aux mêmes initiales C.D. Marc reconnut en cela celles de sa mère, Célestine DEGUERRE. Les moindres torchons, les serviettes de table, tout était marqué. Blanche admira les chemises de nuit en soie, rêva et s’imagina celle qui jadis les portait, admirant sa silhouette dans un miroir.....
Après nos onze mois de labeur acharné,
Le douzième, bien sûr, c’est les congés payés.
Il a fallu six mois pour choisir une date,
Parlementer dix fois, pour finir, à la hâte,
Par trouver la période qui nous convient le mieux,
Et partir en vacances, fatigués…. mais heureux.
Après ce délicat et tortueux problème,
On fera notre choix sur un coin que l’on aime.
Les enfants voudraient bien retourner à la plage
Pour retrouver bien sûr les copains de leur âge.
Papa choisit toujours un bon coin pour la pêche,
Et moi, évidemment, le sable, pour faire bronzette.
On discute beaucoup, chacun ses arguments
Pour convaincre les autres des meilleurs agréments.
Et, comme chaque année, le matin du départ,
La maison se confond avec un hall de gare.
Il y a le problème de ce qu’on doit laisser
Car manifestement tout ne peut pas rentrer.
La voiture, pour sûr, n’est pas un autocar,
On ne peut l’obliger à de trop grands écarts.
Au moment du départ, se pose la question
De savoir le détail qui a manqué d’attention.
N’avoir rien oublié, dans ce charivari
Est une performance. Que dis-je ? Du génie.
Je me souviens pourtant de ce jour lamentable
Quand à moitié chemin, on pensa à la table.
Une autre fois, aussi, où pendant tout un mois,
Il a fallu manger en se passant de plat.
Tout ceci pour vous dire que le départ déjà
Est vraiment un exploit, on démarre dans la joie.
Après avoir roulé, fait plein de kilomètres,
On arrive au camping pour s’installer en maîtres.
Nos vingt mètres carrés, alloués pour l’été
Seront utilisés, j’dirais même comblés…
D’aussi loin que je m’en souvienne,
Tu étais là, tout près de moi,
Attentive comme une reine,
Abeille dans sa ruche de bois.
Tu veillais, surveillais sans cesse,
Pour que je ne manque de rien,
Bébé, tu me lavais les fesses,
Ces petits riens qui créent des liens
J’ai grandi toutes ces années
Avec tes yeux posés sur moi,
Tes mains me donnaient à manger,
Nous vivions sous le même toit.
Tu m’as donné de bons conseils,
Fière de ton expérience,
Aujourd’hui, c’est encor pareil,
On nage dans la même ambiance.
Tu es toujours, toujours la même,
Coquette comme à tes vingt ans,
Et pourtant aujourd’hui tu fêtes,
Tu fêtes tes quatre-vingts ans.
Ce n’est pas flatteur, tu le sais,
Mais tu ne parais pas ton âge.
D’autres t’envient et ils voudraient,
Gracieusement prendre ta place.
Je te regarde humblement,
Sachant que je serai la même,
Dans quelques années seulement,
Ma petite MAMAN ; JE T’AIME.
Quand je me suis réveillée, je ne voyais plus personne dans le wagon. Etonnée, je me suis levée tout en me dirigeant vers les toilettes. Au passage, j’ai aperçu un homme et une enfant. Sur le moment, je n’y ai guère prêté attention. C’est au retour que j’ai marqué une hésitation. L’enfant de trois ou quatre ans dormait. Elle était attachée à cet homme. Attachée, me direz-vous, mais comment ? Eh bien, comme un chien, avec un harnais autour de la poitrine et une laisse en cuir que l’homme tenait à la main. Je n’ai pu dissimuler ma surprise et il s’est levé pour me parler. Il a ouvert la bouche. Je ne sais pas comment j’ai pu regagner ma place tant la peur me paralysait. Je tremblais de tous mes membres. L’idée qu’il pouvait m’adresser la parole me terrorisait. Je pensais à un enlèvement. Cette enfant dormait. Était-elle droguée ? Il fallait que j’en parle à quelqu’un. Je me suis levée et j’ai parcouru le couloir. Le constat était simple. J’étais seule avec cet homme et cette enfant. Je suis revenue à ma place. Je me torturais l’esprit pour savoir comment j’allais pouvoir la délivrer. La prochaine gare était le terminus. De toute évidence, nous devions sortir ensemble. Aurais-je le temps d’avertir un employé avant qu’elle ne disparaisse avec son ravisseur ? J’ai essayé de lire mais je ne pouvais pas me concentrer. Le paysage m’était indifférent. Je n’étais plus qu’un esprit qui vagabondait à la recherche d’une solution. Le reste n’existait plus. J’étais perdue dans mes pensées lorsque je les ai vus arriver. Il avait les cheveux rasés, de gros sourcils et des dents abîmées. L’enfant se laissait mener sans sourciller. Il a posé un doigt sur sa bouche pour m’imposer le silence. Tout doucement, sans lâcher la laisse, il a ouvert son sac. Il avait des gestes très lents. J’ai pris peur et, instinctivement je me suis mise à crier. Il a posé ses mains sur mes épaules. Ce contact m’était insupportable. Comme électrisée, je me suis enfuie, prête à tout pour échapper à ses griffes. Il était sûrement armé, déterminé à me tuer pour éliminer le témoin que j’étais. Il paraissait calme, sûr de lui, calculateur. Son regard ne me quittait pas. Il avait lâché l’enfant. Terrée entre deux banquettes, j’attendais, impuissante. Il s’est rapproché de moi et a ouvert le sac. J’étais persuadée qu’il y cachait une arme. Profitant de ce qu’il s’est penché, j’ai fermé les yeux et, rassemblant tout mon courage, poings serrés, je lui ai asséné un grand coup derrière la nuque. A peine ai-je eu le temps de m’apercevoir qu’il était inconscient que le train est entré dans un tunnel. La fillette s’est mise à pleurer. Je lui ai parlé avec des paroles douces mais elle était inconsolable. Mon premier réflexe a été de lui ôter son harnais. Elle se débattait. Je cherchais à l’amadouer et lui demandais son nom. L’homme gémissait. Pour plus de sûreté, je lui ai attaché les mains et les pieds derrière son dos à l’aide de la laisse pour l’immobiliser. L’enfant criait de plus en plus. Elle m’a griffée au visage. Son regard était terrifiant. Elle m’a échappée et s’est dirigée vers l’homme gisant dans le couloir. Elle se cognait, trébuchait. Enfin près de lui, elle l’a embrassé et, maladroitement a essayé de défaire ses liens. Je lui parlais et lui expliquais que plus jamais il ne lui ferait de mal. Elle a marché autour de lui et s’est entravé dans le sac. Immédiatement, elle en a sorti des vêtements ; une belle robe qu’elle exhibait. Je ne comprenais pas. Elle a commencé à enlever son pantalon, avec difficulté. Nous n’avions plus que quelques minutes avant d’arriver. Je me suis approchée d’elle, doucement et je l’ai aidée à changer d’habits. Elle avait l’air plus calme. D’une poche du sac, elle a sorti une brosse à cheveux et un peigne. Elle me les a tendus. Je lui parlais toujours. La sentant en confiance, je l’ai peignée. Profitant de ce que je sois près d’elle, elle m’a embrassée. Drôle de petite bonne femme, pensais-je !......
Comme un petit poussin s’extrait de sa coquille,
Le moment est venu, tu as poussé ton cri,
Ce fut soulagement pour tes parents fébriles,
Eclatant de bonheur de te voir si jolie.
Ils ont, un premier temps inspecté ton visage,
Ces joues de porcelaine et ces yeux de saphir,
Découvert que tu étais pareille à leur image,
Parfaite en tout point pour leur plus grand plaisir.
Il est vrai qu’ils avaient pour toi quelque inquiétude,
Depuis des mois déjà, tu te manifestais,
Voulant inconsciemment rompre ta solitude
Avant même déjà d’y être préparée.
Pour eux, c’était le doute, l’angoisse permanente.
Préparant ta venue, ils y croyaient si fort.
Tu as dû patienter et être indulgente
Avant que de pouvoir te lier à leur sort.
Déjà, petite fille, tu tiens beaucoup de place
Dans le cœur de tous ceux qui t’ont tant attendue,
Tes parents sont très fiers et ils vont faire face
Pour t’élever très haut : tu es la bienvenue. .....
Il lui semblait fondre comme cette glace autour d'elle. Elle ferma les yeux, laissa agir le mystère et après avoir pris une profonde inspiration ouvrit les yeux pour se retrouver dans un champ rempli de fleurs. Elle aspirait à se promener et fut attirée par cette vie qu'elle devinait parmi les herbes qu'elle foulait au passage. Elle n'hésita pas, prit la décision la plus adéquate et en quelques secondes, se retrouva de la taille d'une fourmi. Elle entendit toutes sortes de bruits qui ne lui étaient pas familiers. Le frottement des ailes des insectes qui était inaudible pour ses un mètre quarante prenait des proportions de pâles d'hélicoptères lorsqu'elle se trouvait à proximité d'un de ces animaux. Il y avait une multitude d'espèces. Elle fit la connaissance d'une dame libellule qui aurait pu l'avaler tant elle était grande par rapport à Vénus. Très bourgeoise, elle prenait soin de sa personne et envisagea un voyage pour rendre visite à des fourmis. Elle accepta d'amener Vénus avec elle. Elles allèrent ainsi, survolant ces immensités vertes, agrémentées de magnifiques fleurs des champs sur lesquelles elles appréciaient de s'arrêter pour faire une halte et se désaltérer. La chaleur leur donnait soif. C'est ainsi qu'elles interrompirent souvent leur vol qui, dans un coquelicot, qui, dans une papilionacée jaune ou encore, au passage, dans une pâquerette. Ces arrêts répétés étaient autant de ravissement pour Vénus. La conversation allait bon train. La balade était agréable. Pastelline, la libellule, l'invita à repartir. Elles arrivèrent ainsi dans un endroit dégagé, grouillant de fourmis occupées à transporter des monticules de nourriture. L'activité débordante de cette entreprise où chacune avait un rôle de la plus haute importance, faisait que la présence de Vénus paraissait déplacée et importune. En toute honnêteté, elle représentait une gêne pour ses hôtes. .....
Chère petite sœur,
A la veille d'un si grand jour, je me dois de t'ouvrir mon cœur. Je ne souffrirai pas de te voir partir sans te faire mes dernières confidences, confesser mes pensées, te déclarer ce que, pendant toutes ces années je n'ai pas osé t'avouer mais que, si judicieusement, tu as deviné.
Certes, nous étions des amis de tous les instants. Nous avons partagé nos jeux, nos goûters, nos journées. J'étais, comme tu me l'as si souvent répété, ton frère.
Fier de cette solide amitié, les années passant, secrètement, mes sentiments pour toi ont évolué. Tu te transformais et cette métamorphose attisait en moi un feu qui peu à peu me brûlait. J'avais beaucoup d'admiration pour toi. T'accompagner partout me remplissait de joie. J attendais toujours pour te déclarer mon amour et le temps a passé. Pourquoi avais-je tant de mal à exprimer mes sentiments? Ne me venaient à l'esprit que des mots simples et maladroits. La timidité me paralysait.
Que tu ne sois pas attirée par la compagnie des garçons qui, pourtant, ne se gênaient pas pour te faire des compliments, me rassurait. Tu répondais gentiment à leurs remarques sans toutefois les encourager.
Ton sourire me ravissait. T''ai-je vu un jour te mettre en colère? Non. Apporter la moindre critique sur le comportement des uns ou des autres? Pas davantage. Ta présence m'apaisait. J'avais besoin d'être à tes côtés, de te prendre par la main, de te parler pendant des heures. Tu es si intelligente, toi, mon amie de toujours.
Jamais je n'oublierai le jour où tu m'as révélé le nom de ton amour. Tu m'as souri. Depuis longtemps, j'avais secrètement tissé des projets sur notre avenir. Nous devions vivre ensemble toute une vie. Tu étais la seule, capable de m'apporter le bonheur. Je rêvais des enfants que nous aurions. Te dire l'arrière déception qui a suivi, ne sert à rien. Tu m'as regardé dans les yeux pendant que tu m'expliquais que tu ne serais jamais ma femme. Les larmes me brûlaient les joues. Mon corps tout entier était douloureux.
Comment accepter de ne plus te voir, ni t'entendre : savoir que plus jamais, tu ne serais à mes côtés? Tu en aimais un autre, discrètement, et tu l'épouserais. Je n'ai pas pu en entendre davantage. T'en souviens-tu? Je me suis levé et je suis parti sans me retourner.
Je t'envoie cette douloureuse confession mais, avant tout, je tiens a t'offrir tous mes vœux de bonheur et de sérénité. Comme tout un chacun, tu as le choix, tu es libre. Ta décision t'appartient. Je n'éprouve pas de jalousie envers mon rival. Il a su te séduire avec des arguments autres que les miens. Pour rien au monde je ne t'encouragerai à changer d'avis, quoique la tentation soit très grande. Rassure toi, je te respecte trop pour m'abaisser à cette vilenie. Je sais que tu as choisi de t'occuper des malades. Je te demande, lorsque tu t'épanouiras dans ta nouvelle mission de penser à moi. Sache que chaque plaie que tu soigneras sera mienne car j'ai été blessé et la douleur que je ressens me fera souffrir longtemps encore.
J'aurais dû comprendre que j'étais indigne de toi. Je te sais indulgente et consciente du mal que tu me fais. Demain, lorsque tu diras "OUI", je penserai très fort à toi. Nos souvenirs communs ne pourront jamais s'effacer. Seul, l'avenir que j'avais préparé s'évanouira dans une brume légère pour laisser place à un décor vierge auquel je devrai coûte que coûte m' habituer. C'était trop beau, cet amour fou, pur, détruit avant même d'exister réellement.
Le destin nous a réunis pendant quelques années. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir regardé dans un miroir. Lorsque j'ai voulu le toucher, il s'est brisé. Maintenant, il ne reste qu'un Kaléidoscope.
Ai-je le droit de me plaindre? A qui? Nos chemins n'étaient pas faits pour continuer dans la même direction. Je réalise que je vais perdre une grande, une très grande amie. J'ignore quel sera mon avenir mais je ne pense pas me tromper en te disant que tu es l'être qui aura le plus contribué à forger ma personnalité et à devenir ce que je suis aujourd'hui. Merci, merci beaucoup pour cette aide précieuse qui n'a pu que m'être bénéfique. Je garderai de toi le tendre souvenir de notre complicité. Je suis fier de t'avoir connue......
J’écrivais à mon bureau. Margaux faisait ses devoirs dans sa chambre. Nous n’entendions plus les bruits de la rue tant ils nous étaient familiers. D’ailleurs, à cette heure-ci, c’était très calme. Seules passaient quelques voitures. Soudain ; il y a eu plusieurs coups de feu. Instinctivement, nous sommes allés voir par la fenêtre. Tout c’est très vite passé. Trois hommes sont sortis de la banque en face de chez nous. Ils avaient des sacs de sport. Vraisemblablement, ils étaient prêts à entrer dans la voiture d’un complice. Ils ont enlevé les cagoules qui cachaient leur visage et en une fraction de seconde, avec l’un d’entre eux, nos regards se sont croisés. L’instant d’après, ils s’engouffraient dans la voiture qui passait devant eux et une jeune femme en sortait. J’ai tiré le rideau, surprise, affolée, tétanisée par la peur. Dans la rue, j’ai entendu quelqu’un crier et demander de l’aide. « Appelez la police, y a des blessés». Margaux ma fille était serrée contre moi. Elle tremblait de tous ses membres. Je me suis précipitée vers le téléphone. Je n’ai pas eu le temps de décrocher que quelqu’un donnait de grands coups dans la porte. « Ouvrez, ouvrez vite, je suis blessée » La voix était déterminée, pressante. Sans plus réfléchir, après ce que je venais de voir, j’ai ouvert sans hésiter.
Une furie s’est engouffrée, le regard mauvais, les sourcils froncés, la haine sur son visage.
- « Chut, asseyez-vous. »
Margaux me regardait, apeurée. Elle commençait à transpirer. Nous avions un révolver pointé sur nous.
- « Vous avez appelé la police ? »Hurla-t-elle pour nous impressionner.
- « Non.
- Sûr.
- Oui.
- Allez vous coucher. Où sont vos chambres ? »
La porte était ouverte. Elle nous y a poussées. Nous nous sommes retrouvées allongées. Tout en nous menaçant de son arme, elle m’a demandé une paire de ciseaux. Je lui ai montré le tiroir. Margaux ouvrait de grands yeux. J’espère qu’elle ne pensait pas qu’elle était capable de nous torturer. Elle ne pouvait plus se retenir de pleurer. Elle sanglotait et me regardais avec l’air pitoyable du désespoir.
- « Ne nous tuez pas, s’il vous plaît, » Gémit-elle.
- « La ferme. »
Pendant ce temps, avec dextérité, elle lacérait mes double rideaux pour en faire des bandes qui lui serviraient à nous attacher.
- « Qu’est-ce que vous avez vu ? »
Nous nous sommes regardées et j’ai répondu :
- « Rien. »
A ce moment-là, avec une violence inouïe à laquelle je ne m’attendais pas, j’ai reçu une magistrale gifle de la part de cette femme qui devait peser cinquante kilos toute mouillée. Outre le feu sur la joue, j’ai eu une douleur fulgurante dans le cou. Je pouvais à peine tourner la tête. Margot n’arrêtait pas de m’appeler en pleurant.
- « Appelle papa, appelle papa.. » Criait-elle.
· « Ta gueule la môme. Encore un mot et je te fracasse la gueule contre le mur. T’auras plus qu’à compter les dents qui te restent et penser à tous les steaks hachés que tu pourras bouffer jusqu’à la fin de tes jours. Je répète pour la dernière fois. Qu’est-ce que vous avez vu ? Et ne me racontez pas de salades. On vous a reconnue, planquée derrières vos rideaux. Ça s’appelle être témoin, j’ajouterais même, au cas où vous n’auriez pas encore compris que vous êtes deux témoins gênants, des nuisibles, en quelque sorte, dont nous allons devoir nous débarrasser proprement. Oui, proprement, ça veut dire sans sang, sans trace. C’est pourquoi vous êtes encore en vie ; sinon, j’en aurai déjà fini avec vous. Compris ? Alors, j’attends.
- On a crû comprendre que c’était un braquage. »
Elle se mit à rire d’un rire hystérique.
- « On a crû comprendre ! On a crû comprendre ! Laissez-moi rire. Non, mais soyez plus précise, il n’y a aucun doute, c’était un braquage. Je confirme. Et j’ajoute que les deux merdes qui ont voulu faire du zèle l’ont payé de leur vie. Qu’est-ce ça pouvait leur foutre à ces pauvres cons, c’était même pas leur pognon. Et vous, aux premières qui l’avez reconnu.
- Non. »
C’est un cri qui est sorti de ma bouche.
- « T’as pas compris, t’en veux une autre ? Si. Tu les connais, y en a un qui t’a reconnue.
- Mais je les connais pas. C’est pas vrai, c’est injuste.
- M’en fou. Ils m’ont dit de venir vous surveiller, je surveille. Tiens, donne ton poignet. Là, laisse toi faire. De toute façon, t’as aucune chance. J’en ai maté de plus coriaces que toi, des mecs, même. C’est pas deux mauviettes qui vont me faire peur. C’est eux qui finiront le boulot quand ils auront planqué l’oseille. D’ici peu, vous servirez de bouffe aux crabes. Ne faîtes pas cette tête. Vous ne souffrirez pas. Ce sont de gentils gars. Je les connais bien. C’est moi qui les ai choisis ; efficaces, prudents, organisés. Vous pouvez me faire confiance. »
Elle me ligotait habilement. Margaux, très progressivement, se reculait. Jugeant le moment opportun, je lui ai fait signe qu’elle pouvait partir. Comme un chat, pendant que notre tortionnaire lui tournait le dos, elle s’est enfuie dans la cuisine. ....
Maintenant, il faut que je parte, il fait noir. Je ne vais tout de même pas attendre toute la nuit ! Je dois aller au commissariat le plus proche. Je conduis sec. J'évite de justesse un piéton. Il a eu peur. Il me regarde en vissant son index droit sur sa tempe. Je lui fais la grimace parce que je suis de mauvaise humeur, en retard, et qu'il n’a pas à se plaindre parce qu'il s'en est sorti indemne. Ça aurait pu être pire pour lui. Il ne sait pas à côté de quoi il est passé. Une supposition que je ne l'ai pas raté. Hein ? Il passait au bas mot Noël et le premier de l'an à l'hôpital. Après tout, ça lui aurait peut-être rendu service. À la réflexion, il faisait un peu clochard. Être au chaud, même avec une jambe suspendue à un poids, finir l'hiver dorloté par une infirmière qui vient lui porter une infusion, le soir, c'est peut-être son rêve de Noël que par un coup de frein brutal, j'ai étouffé et fait avorter. Comme quoi, on n'est pas maître de son destin. Trop de réflexes nuit. Il sera condamné, le pauvre, à renouveler sa traversée de la route devant quelqu'un de moins irritable, aux réflexes lents. Me voilà au commissariat. Deux policiers sont derrière des bureaux. Je m'approche de l'un d'eux et l'informe que je viens pour faire une déclaration de vol. Je regarde l'heure et demande si je peux téléphoner. Il y a une heure que je devrais être rentrée. Ils doivent s'inquiéter à la maison. Ils acceptent. J'appelle. Florence répond. Je lui explique que j'ai été retardée et que je ne vais pas tarder à rentrer. Elle me conseille de me dépêcher. Aurais je oublié, qu'il faut aller chercher les parents de Judith à la gare ? Mais non, bien sûr, je ne pense même qu'à ça si elle veut le savoir. Le policier me pose les questions rituelles : où, quand, comment ? Il me trouve naïve d’avoir confié mes paquets à une inconnue. Mais enfin ! En retournant la situation, quand j'ai proposé à quelqu'un de l'aider, je ne me suis pas volatilisée en subtilisant ce que l'on m'avait confié. Alors, pourquoi elle ? Il est calme, il me fait tout un laïus en classant bien distinctement deux catégories de personnes les honnêtes et les malhonnêtes. Il me demande son signalement. J'essaie de rassembler le peu de souvenirs que je peux avoir de cette personne.
-« Pas très grande.
- Petite ?
- Non.
- Moyenne alors ?
- Oui. Certainement.
- Cheveux ?
- Je ne sais pas… Un peu frisée, je crois.
- Maquillée ?
- Sûrement pas.
- Comment était elle habillée ?
- Je n'en ai aucune idée.
- Un manteau ?
- C'est possible.
- Clair, foncé ?
- Beige peut-être. Je ne sais pas, moi. Je l’ai juste vue quelques secondes. Elle a marché un moment à côté de moi et après, à cause du monde, elle était derrière. C'est quand j'ai emprunté une petite rue transversale que je me suis aperçue qu'elle ne me suivait plus ».
Ils cherchaient des explications. Peut-être ne m’a-t-elle pas vu tourner. « Pas vue, Pas vue ? Mais tout le monde m’a vue tourner dans la rue. ! Je portais un rocking-chair et plein de paquets dessus. Seuls les aveugles n’ont pas pu me repérer. Et encore ! "
... Je m'installe dans mon fauteuil commence à somnoler. Soudain, un coup de sonnette, ce sont les amis des filles. Ils arrivent à cinq, entrent, se saluent et nous saluent. Nous connaissons trois d'entre eux, mais, si l'on s'en tient à la formule consacrée : Les copains de nos copains étant nos copains, nous allons devenir d'ici peu, une grande famille de copains, car elles font au fil des sorties de nouvelles connaissances.
Innocemment, je m'informe. Sont-ils venus pour les chercher ? Oui. J'insiste. Sont-ils prêts à partir ? Non. Ils me donnent l'explication que je n'ai pas osé quémander. Ils ont téléphoné tout à l'heure, mais c'était toujours occupé, disent ils. Florence râle et fulmine contre les jérémiades de sa grand-mère. Personne à part elle ne trouve ça gênant. De toute façon, le téléphone, c'était juste pour annoncer qu'ils arrivaient cinq. Eh bien ! Ils sont là.
— Ah ! déclare Jean-Luc, on va attendre un moment si vous le voulez bien. Mireille et Manu doivent nous rejoindre ici. Nous partirons ensuite tous ensemble
D'accord, ils restent.
— Vous prendrez bien quelque chose ?
— Ce n’est pas de refus.
Je pars dans la cuisine, prépare un plat de biscuits secs et sors les jus de fruits.
— Qui veut du café ?
Un, deux, trois cafés. Je le prépare et amène les tasses. Les conversations vont bon train. Les plaisanteries se succèdent. Les rires les talonnent. L'ambiance est au beau fixe.
Michel veut absolument montrer qu'il sait parler anglais. Malheureusement, son accent bordelais déforme considérablement la langue maternelle de Judith qui pouffe en voyant les efforts désespérés, qu'il fait pour essayer de se faire comprendre. Shakespeare, le pauvre doit le maudire. Il réussit (Est-ce volontaire ou inopiné ?) à amuser la galerie. En désespoir de cause, il se résout à parler français à la satisfaction générale. Même Judith se sent plus à l'aise. Elle n'est pas obligée de suivre les gestes qu’il essaie de mettre au diapason de ses explications.
Les cafés sont servis. Je renouvelle le plat de biscuits qui a disparu comme neige au soleil. Le temps passe. Florence s'inquiète du retard de Mireille et Manu.
Onze heures. Toujours personne. Elle décide de téléphoner chez eux. Ça sonne, sonne, sonne.
Vraisemblablement, ils sont partis. Ils habitent à trente-cinq kilomètres. Ils ne doivent plus être très loin. Patientons.
Pour leur faire passer le temps, je sors le bocal de prunes à l'eau-de-vie. Tout le monde est d'accord pour en prendre. Moi aussi, je finis par m'inquiéter.
Onze heures trente. Le téléphone sonne. C’est Manu qui appelle. Ils sont tombés en panne d’essence sur l’autoroute. Ils ont attendu la dépanneuse et sont actuellement au garage à six kilomètres. Ils font le plein d’essence et arrivent.
Tout le monde respire. Enfin ! Rien de grave. La bonne humeur reprend ses droits. Flo propose de danser. Les musiques rythmiques les entraînent dans des danses frénétiques. Pour créer l'ambiance, ils voilent les lampes avec des serviettes de table de couleurs différentes et trouvent qu'il y a trop de place pour danser. Moi qui voulais leur proposer de pousser la table, voilà qu'il faudrait ajouter des meubles pour leur faire plaisir !
Enfin ! Un coup de sonnette dont je suis la seule à avoir entendue dans ce vacarme ; non point, que j'ai une ouïe plus sensible que les autres, mais tout simplement parce que j'étais à côté de la porte à ce moment-là. J'ouvre. Ce sont deux gendarmes. Notre aimable voisine, qui habite à cinquante mètres, les a appelés et leur a demandé de venir constater que nous faisions trop de bruit. Ils sont venus, ont constaté et, pour la forme, viennent nous demander de baisser le son trop bruyant. Ils sont allés jusqu'à la maison du voisin et ont dit que s’ils entendaient, c'est parce qu'ils étaient totalement insomniaques, preuve s'il en est que nous n'étions pas coupables de leur couper le sommeil, le bruit étant pratiquement nul au niveau de leur maison. Ils nous ont souhaité la bonne nuit et sont repartis.
Minuit et quart.
Nous avons hâte, mon mari et moi d'aller nous coucher. Nous attendons tout de même les deux derniers qui devraient être là depuis longtemps. À notre avis, il ne faut pas trois quarts d'heure pour faire le plein d'essence et rouler pendant six kilomètres. Qu'est-ce qui a bien pu leur arriver encore ?
Ils sont déjà venus, ils connaissent la maison, ça ne devrait poser aucun problème. De plus, nous avons laissé la lumière allumée dehors pour signaler la maison. Je m'occupe, lave des verres, renouvelle les boissons et m'impatiente.
Minuit vingt-cinq.
Nouveau coup de sonnette. Les voilà, disent toutes les voix. La porte à peine ouverte, j'aperçois les deux gendarmes venus une heure plus tôt. Ils nous ont amené nos deux retardataires qui tournent depuis une heure dans notre quartier grand comme un mouchoir de poche, sans jamais trouver la maison. Ils étaient persuadés tous les deux qu'il fallait tourner la rue précédente. De ce fait, ils se retrouvaient à "perpette" au milieu des vignes, sans retrouver leur chemin.
Ah ! Ils sont bien faits pour s'entendre ces deux-là, mais pas un des deux pour avoir le sens de l'orientation.
À la fin, ils sont allés se renseigner à la gendarmerie d'où la seconde intervention du service d'ordre de la soirée.
— Merci Messieurs les Saint-bernards.
— Jamais deux sans trois, réplique, en riant le brigadier. Peut-être à tout à l'heure. Êtes-vous sûrs d'être au complet ? Nous opinons du bonnet. Bonne nuit quand même dit-il en s'éloignant.
Nous allons pouvoir enfin nous coucher. Ils se sont fait huer et "mettre en boîte" les nouveaux venus. Ironiquement, tout le monde les charrie sur leur emploi du temps. Épuisés par tous ces contretemps, ils ont dû, de surplus relater en détail les évènements. Ils ont regardé l'heure. Non, ce n'est pas possible de repartir maintenant.
Qu'est-ce que j'entends ? Ils restent !
Ont-ils faim ? Oui, bien sûr, ils mangeraient bien quelque chose. J'ai bien dans le congélateur quelques glaces... Ils sont d'accord. Je ramène donc deux bavarois, aux poires et aux framboises. Ils sont véritablement très bien accueillis. Pendant que je sers les glaces, Flo est allée chercher une bouteille. Elle revient avec du champagne. Claude ouvre la bouteille et part se coucher. J'en fais de même. À trois heures du matin, malgré le bruit, je m'endors comme un bébé.
J'émerge vers huit heures, le lendemain. Tout est calme. Ils sont tous partis. J'ai la tête lourde et ai du mal à ouvrir mes paupières. J'enfile une robe de chambre, ouvre les volets. Il fait un temps splendide, mais il est trop tard pour partir chercher des cèpes. Je me console en me disant qu'il n'a pas assez plu et qu'au mieux nous n'avions que peu de chance d'en trouver : si ce n'est pas du tout.
La cuisine est un chantier, avec de la vaisselle qui traîne et que je vais devoir ranger, des cadavres de bouteilles ; tout ça ne me met pas de bonne humeur. Je prépare le café que nous prendrons tous les deux au frais, sur la terrasse...
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Les belles graines dorées ont la faveur de nos gourmands. Les mains poisseuses, nous quittons les vignes. Nous revenons à pied, un bon kilomètre que nous faisons sans nous presser. Les garçons sont partis avec le cheval et vont finir le travail au pressoir. Ils ont amené paniers et sécateurs qui seront nettoyés en arrivant. Nous allons nous laver et nous changer, car le soir, tout le monde est corvéable. Les papis soignent les animaux. Les jeunes gens s'occupent de la vendange sous l'œil exercé des hommes d'expérience qui supervisent. Les femmes préparent le repas tandis que les demoiselles mettent la table, s'occupent de faire manger les jeunes enfants. Quand tout le monde est prêt, nous nous mettons à table. Les enfants qui ont déjà mangé partent jouer. Malgré tous les raisins que nous avons ingurgités, nous avons encore faim. Thérèse est une excellente cuisinière, très organisée. C'est toujours elle qui a fait la cuisine chaque fois qu'il est nécessaire : les mariages, baptêmes, premières communions, enterrements, vendanges, réveillons, anniversaires. Elle était demandée dans tout le village. Maintenant, elle se consacre uniquement à sa famille sans compter que de plus en plus, même dans les villages, les repas se font au restaurant. Il est aussi bien arrosé, ce repas. Nous avons commencé par du vin blanc doux en apéritif. Il vient d'une propriété voisine et est très plaisant. Les vieilles bouteilles aussi sont sorties et Maurice, qui s'octroie le rôle de sommelier, est généreux. Il a plutôt tendance à pousser à la consommation, faisant le tour des tables, la bouteille à la main en incitant chacun à finir son verre pour avoir le plaisir de le remplir à nouveau. Au cours du repas, le ton monte. Les langues se délient de plus en plus. On entend pour la énième fois, les mêmes histoires qui nous font toujours autant rire. À la demande générale, le papi se lève et chante sa chanson fétiche celle que l'on lui demande à chaque occasion et dont il est l'ultime interprète à ma connaissance. Le sujet est beaucoup trop complexe pour que Judith en comprenne le sens caché. Comme tout le monde est très joyeux, Judith se propose pour chanter elle aussi quelque chose. Elle chante la voix cassée, en hoquetant, sur des paroles que je ne comprends pas "chacun son tour" mais qui font bien rire les jeunes qui ont appris sa langue maternelle. Mais elle ne s'arrête pas là, elle veut nous montrer ses talents d'imitatrice en campant la personne d'un de ses professeurs. Pour ce faire, elle emprunte les lunettes de l'oncle Charles, lunettes à grosses montures d'écaille qui ne lui siéent pas particulièrement. Pour plus de ressemblance, elle veut se dessiner des moustaches. Elle se lève, très probablement pour aller chercher un crayon. Est-ce à cause d'une maladresse ou d’autre chose ? Sitôt levée de sa chaise, elle se retrouve par terre. Éclat de rire général. Ses copains viennent à sa rescousse pour l'aider à se relever, mais son derrière refuse de quitter le sol. Elle se fait lourde et maintenant, seulement, nous venons de comprendre que la buveuse de thé n'a pas supporté le vin de chez nous. Laurent, un cousin de mon mari, a trouvé là un bon sujet de photos et saisit toutes les occasions de la photographier. Elle bégaie, parle anglais avec de-ci delà quelques consonances françaises. Je m'approche pour l'installer dans un relax afin qu'elle reprenne ses esprits. Elle m'appelle "sa maman" et dit qu'il y a beaucoup de brouillard. Effectivement, il est bien possible qu'elle voie beaucoup de brouillard. La voilà installée, prête à s'endormir. Nous la laissons se reposer tout en commentant ce banal incident. Elle est à l'écart. Le soir tombe. Nous allumons la lumière dehors. De temps en temps, nous jetons un coup d'œil dans sa direction. Elle est calme, mais marmonne sans arrêt. Ses copains voudraient bien aller lui parler pour rire un peu, mais nous leur demandons de la laisser se reposer. Tout d'un coup, plus de Judith dans le relax. Je vais regarder dans les alentours. Je la trouve, accroupie dans un massif de dahlias, une gerbe de fleurs à la main puisqu’ elle les a toutes coupées pour, dit-elle les replanter au soleil. C'est une catastrophe. Tout le massif est saccagé. Nous récupérons les fleurs et, pendant ce temps, mademoiselle réclame à boire. Elle a soif. Je lui tends un verre d'eau. Elle a la lucidité de demander si c'est du jus de fruit de raisin. Tiens donc. Y aurait elle pris goût ? Pour couper court à toute discussion, je lui réponds oui. Nous sommes tous là, à la regarder. Elle prend le verre, boit et recrache l'eau. Je suppose qu'en cas de colère, surtout lorsqu'ils sont éméchés, les Anglais préfèrent leurs expressions aux nôtres. C'est ainsi que je rattrape de justesse le verre dont elle refuse le contenu. Elle tient à peine sur ses jambes. Nous la recouchons et revenons à table, manger les délicieuses tartes que nous a préparées notre merveilleux cordon-bleu. Maurice ouvre pour les accompagner du vin blanc de dix ans d'âge, un grand cru. Judith, qui réclame du jus de raisin, n'en aura pas. Nous lui ferons goûter demain, lorsqu'elle sera en état de l'apprécier. Les jeunes écoutent des CD avec l’autoradio. Soudain, des cris, le tuyau d'arrosage est totalement incontrôlé. Qui a fait ça ? Un gamin certainement Julien ou Xavier. Ces deux-là ne savent pas quoi inventer pour se faire remarquer.
— Elle nous arrose, elle nous arrose, crient les enfants.
— Qui ? Delphine ?
— Non. C'est une gamine qui n'a pas du tout de malice et qui est incapable de provoquer un tel remue ménage, dans le noir, nous distinguons mal. Mais qui est-ce?
— C'est Judith ! Disent les petits en se sauvant. Judith se rapproche, arrose tout sur son passage. Les plus courageux cherchent à lui enlever le tuyau d'arrosage des mains. Elle le lève et arrose tout ce qui est dessous. Malheureusement, nous sommes pratiquement tous dessous. Elle est fière de son exploit, rit, arrose les plus proches en disant que c'est de la pluie d'Angleterre. Nous pataugeons dans la boue. La table est trempée. Les papis et mamies n'apprécient pas ce genre de plaisanterie. Je me fâche, ordonne que l'on ferme le robinet. Mais tout ça, c’est passé si vite. Tout le monde s'active pour débarrasser la table. Il ne reste que la nappe dont Judith s'empare pour jouer au fantôme. Les enfants l'excitent, la font tourner et elle se retrouve une fois de plus par terre. Elle ne bouge plus.
— Mais qu'est-ce qu’elle a ? S'inquiètent ses amis. Rien. Elle n'a rien. Elle s’est endormie comme une masse et est loin de se douter quelle panique elle a provoquée. Thérèse n'en revient pas.
— Eh bien ! Dit-elle, j'en ai connu qui ne supportaient pas le vin ; mais comme elle, jamais.
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Tous les jours, maintenant, nous relevons les adresses dans le journal local ainsi que dans l'hebdomadaire régional des petites annonces. Quel marché les logements d'étudiants !
Ce soir, nous allons en visiter un, indépendant, à côté de la maison de la propriétaire, à quinze kilomètres de la fac. Une petite dame sèche nous reçoit. Elle nous fait entrer. Le bâtiment est tout ce qu'il y a de plus petit. Je pense qu'à l'origine, il s'agissait probablement de la resserre du jardinier. La porte à peine ouverte, une odeur de renfermé épouvantable nous envahit les narines. Nous avons tous le même réflexe, plisser le nez et regarder la réaction des autres. Notre première impression est catastrophique. Le mobilier est précaire. Je remarque, dans un coin, une chaise vermoulue qui est sûrement plus que centenaire, comme le reste d'ailleurs. On se croirait dans un magasin d'antiquités. La fenêtre, qui ne devrait pas avoir à cette appellation et que je nommerai plus volontiers vasistas est la seule source de lumière de cet appartement, la porte d'entrée étant en bois plein. Je cherche la salle de bain. Salle, non, mais pour sa toilette, elle disposera d'un lavabo agrémenté d'un robinet qui semble ici un grand luxe. Je précise qu'il ne coule dudit robinet que de l'eau froide. Si cette demoiselle est frileuse, elle pourra, nous dit cette vénérée aïeule faire chauffer de l'eau sur le réchaud à gaz. Pas neuf non plus le réchaud, ayant connu des centaines de débordements de casseroles de lait et autres. Nous cherchons le chauffage. C'est un appareil électrique. L'électricité sera comptée en supplément du loyer. Néanmoins, grand luxe, il y a de la tapisserie sur les murs. Dommage qu'elle ait été posée l'année la naissance de la grand-mère ! Les toilettes me sont toujours invisibles. Mais il y en a ! M'assure-t-elle... Dans le jardin. C'en est trop. Nous sortons en expliquant à cette dame que ce loyer ne nous convient pas. Elle essaie encore de nous amadouer en complimentant son éventuelle locataire. Mais vraiment, non, merci, elle a beau être du bois dont on fait les flûtes, je n'accepterai jamais de la laisser vivre dans cet inconfort. Elle n'est pas non plus enthousiaste.
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Elle me montre ses mains, elle tremble. J'essaie de la raisonner. Son moniteur la trouve tout à fait apte à l'obtenir et je le lui rappelle. Nous partons plus tôt que prévu, sans nous presser, pour éviter tout incident. Je trouve aisément une place pour me garer assez loin de notre point de rendez-vous. Nous marchons lentement pour contrer notre agitation intérieure. Nous avons une bonne demi-heure devant nous. Nous passons devant un salon de thé. Elle s'arrête devant son merveilleux assortiment de gâteaux.
— Tu en veux ?
— Oui.
— Choisis.
Elle va calmer ses nerfs en même temps que son estomac. Elle en prend un, elle en prend deux, en prend trois. « Suffit » dit-elle.
Chaque fois qu'elle est anxieuse ou contrariée, elle oublie son français. Elle parle « petit-nègre » et redevient une petite anglaise débutante alors qu'elle a tous les atouts pour se faire passer pour une Française si elle veut bien s'en donner la peine.
Je la laisse déguster, sachant très bien que n'importe qui d'autre serait malade à manger ces trois gâteaux garnis de crème et de chocolat à dix heures du matin. Alors qu'elle, si elle ne se retenait pas, pourrait en manger le double, foi de Jacqueline!
Nous buvons un thé, doucement, calmement pour les accompagner. Depuis ma place, je vois les candidats. Nous avons encore un quart d'heure. Inutile de l'intégrer à eux qui sont paniqués, comme il se doit. Je les vois ronger leurs ongles, faire les cent pas. La moitié d'entre eux seront recalés uniquement parce qu'ils ont le trac. Tout en regardant dehors, je parle pour détendre l'atmosphère. Je n'obtiens pas de réponse. Je me retourne et vois ma Judith complètement décolorée s'affaisser sur la table comme une poupée de chiffon. La tête lui tourne. La serveuse qui l'a vue en même temps que moi, vient m'aider pour la soulever et nous conduit vers les toilettes. Je la remercie de son aide et la laisse à sa clientèle. Judith vomit tout ce que son estomac avait bien voulu accepter depuis ce matin. Elle se fait un brin de toilette, rince sa bouche, se rafraîchit le visage et me déclare tout de go : « C'est O.K.». Je veux bien, moi, si elle le dit…
Effectivement, elle a repris ses couleurs et marche d'un pas décidé. Nous n'avons plus que cinq minutes. Le candidat précédent termine son parcours, visiblement satisfait. L'examinateur remplit un papier, échange quelques mots avec lui et lui serre la main. Il sort et laisse la portière ouverte. L'examinateur se penche et appelle mademoiselle Judith Langton. Elle prend place, salue et boucle sa ceinture. Elle est prête. Qui pourrait, à la voir ainsi si sûre d'elle, l'imaginer cinq minutes plus tôt, avachie sur sa chaise, pâle comme une leucémique ? C'est un petit détonateur Judith ; réagissant où il faut, quand il faut.
Elle démarre. Le véhicule se perd dans la circulation. Je m'assois sur le banc qui est libre et attends son retour. Maintenant, c'est moi qui ne me sens pas bien. C'est idiot, voyons, ce n'est même pas ma fille. Et même si elle ne l'avait pas son permis, la belle affaire, elle le repassera, voilà tout. Je sens dans ma bouche un goût amer. Je cherche dans mon sac et trouve un paquet de chewing-gum qui doit être là depuis longtemps. Ça m'aidera à attendre.
Un jeune homme s'approche de moi et me demande si je n'ai pas une cigarette.
— Non, désolée, je n'ai pas de cigarette, un chewing-gum, si vous voulez.
— Oui merci.
Il s'assoit à côté de moi et nous ruminons côte à côte. Il attend son tour. C'est la troisième fois qu'il revient. Il est convoqué pour onze heures trente. Je ne comprends pas. Pourquoi vient-il si tôt ? Il ne sait pas quoi faire. Il ne peut pas penser ou faire autre chose, alors, il reste là. C'est la sixième candidate qui passe, dit-il. Les deuxièmes et troisième sont obligés de repasser. Il pronostique ainsi depuis ce matin comme s'il s'agissait de courses de chevaux. Il se torture inutilement. Pourtant, il se donne quand même une petite chance de huit heures trente à neuf heures trente, c'était l'heure de pointe, la plus délicate, celle où l'on a le plus de mal à garder son sang-froid dans la circulation. Heureusement, à onze heures trente, il y a moins de monde et le chiffre huit lui porte bonheur. Oui, il sera le huitième candidat.
Mon Dieu ! Faites-le passer tout de suite sinon dans une heure, s'il continue comme ça, il faudra lui passer la camisole de force.
Une femme tricote. Elle a une cinquantaine d'années.
— Qui accompagne-t-elle ?
Mon voisin me dit que c'est elle qui passe. C'est la sixième fois qu'elle se présente. Elle est calme, dit-il. Ça se voit qu'il ne connaît rien au tricot, le gamin. Quand elle aura son papier rose, elle pourra tout détricoter et recommencer en regardant la télé si elle veut.
Les revoilà. La voiture se gare près de nous. Judith reste attentive, les mains sur le volant.
L'examinateur ne dit rien, évite son regard. Il teste ses réactions, écrit et la félicite. Elle est radieuse.
Elle déboucle sa ceinture, s'apprête à ouvrir la porte.
— Rétroviseur.
— Oui, merci
C'est que ce monsieur n'a pas envie de voir sa portière arrachée. Elle fait un petit signe à son moniteur qui est derrière et vient vers moi en brandissant le papier rose tant espéré.
Vous pouvez voir ma page auteur. Merci.