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-Extrait 5 de Damnée empreinte

Elle changea de position et s'aperçut que le landau n'était plus à sa place habituelle.

           Au repas, ils eurent beaucoup de choses à se dire. Les journées raccourcissaient et ils durent mettre un lainage pour manger dehors. La fatigue du voyage les incitait à aller au lit tôt. Papi et mamie partirent. Claire coucha les enfants. David ferma les volets. Coralie n'eut pas le temps de réclamer une histoire. Elle dormait. Pour profiter des derniers jours de vacances, Coralie allait souvent chez ses grands-parents. Claire restait seule, avec Rémi. Elle en profitait pour se reposer. Un après-midi, elle s'était installée dans le jardin, sur le transat, un livre à la main. Rémi gazouillait dans son landau. Elle s'endormit. Quand elle se réveilla, elle reprit sa lecture là où elle l'avait laissée. Quelques phrases lui remirent l'histoire en mémoire. Elle changea de position et s'aperçut que le landau n'était plus à sa place habituelle. Elle se leva d'un bond, fit tomber le livre et courut dans le jardin. Elle ouvrit le portail. Personne. Il n'y avait personne et le landau avait disparu. Elle chercha à repérer les traces des roues, mais l'herbe ne lui laissait aucune chance. Elle criait :

          - Au secours ! Au secours !

       Elle s'élança dans les allées, courut. Elle revoyait la scène du jour de la disparition de Fanny, ces recherches vaines les conséquences de cette journée dramatique, l'état dépressif de Jeannie. Allait-elle à son tour subir le même sort et retrouver son enfant torturé ? Des jeunes, en vacances, l'entendirent appeler. Ils commencèrent les recherches avec elle. Fabien prit son scooter et partit pour avertir la gendarmerie. Claire pleurait, fouillait les buissons, se griffant les jambes, les mains, repartait plus loin. Fabien revint, quelques instants plus tard, le sourire aux lèvres.

        - Ne vous inquiétez pas, je l'ai retrouvé. C'est votre belle-sœur et votre neveu qui le promène.

        - Où ? Où sont-ils ?

       - Dans le chemin qui mène au tir à l'arc. Ils vous ont répondu, mais vous ne les avez pas entendus. Bientôt, elle reconnut le landau, poussé par Jeannie et Alexandre. Un grand frisson lui parcourut le dos. Elles se firent des signes. Quand elles furent à portée de voix, Claire éclata en sanglots.

       - Fanny, Rémi, ce n’était pas possible. Pourquoi ne m'as-tu pas réveillée ?

       - Je t'ai parlé, mais tu dormais si profondément. Je t'ai laissé un mot près de ton livre. Tu ne l'as pas vu ?

       - Non, le vent a dû l'emporter. Je me suis affolée.

       Elles prirent le chemin du retour. Claire en voulait à Jeannie, mais ne lui montrait pas. Elle avait elle-même tant enduré que ça serait l’offenser que de l'accuser de lui faire ce mal là. Elle essaya d'être le plus naturel possible. Les mots restaient étouffés dans sa gorge. Jeannie pour sa part réalisait ce qu'avait dû être cette angoisse après tout ce qu'ils avaient vécu les uns et les autres avec des fortunes diverses.

        - Excuse-moi, je pensais que tu verrais le papier. Jamais plus je ne me permettrai ce genre de liberté vis-à-vis de tes enfants. Ça fait trop mal. 

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