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Extrait de Damnée empreinte 4

              Les premiers jours d'août, nous vîmes arriver nos campeurs. Monsieur le Curé et ses jeunes débarquèrent un beau matin à la gare. Ils avaient passé la nuit dans le train, peu dormi, mais étaient prêts à affronter des vacances à la dure. Ils étaient chargés. Chacun portait un énorme sac à dos auquel souvent venaient se surajouter divers objets hétéroclites. Les deux plus grands en taille tiraient un chariot de fabrication artisanale. Il contenait les ustensiles de cuisine, bouteille de gaz, seaux, bassines. Ils rallièrent le Moulin, souvent sur la route à cause de leur attelage, tantôt en prenant les raccourcis que les chemins leur permettaient. Ils marchaient lentement. Il commençait à faire chaud lorsqu'ils arrivèrent. Ils furent agréablement surpris en voyant ce cadre pittoresque. Benoît posa son barda et commença à se déshabiller. Les ouvriers lui déconseillèrent un bain dans la rivière. L'eau était froide, très froide. Monsieur le Curé, qui se faisait appeler Père par ces adolescents leur interdit la baignade. Mais ses paroles durent se perdre avant d'atteindre les oreilles de Benoît qui, en slip, tâta l'eau de la pointe de ses orteils. Avant que quelqu'un ait eu le temps d'intervenir, il plongea. Il nageait sous l'eau comme un poisson. Quand il remonta, il s’ébroua comme un jeune chiot et déclara : - Elle est fraîche. Monsieur le Curé s’égosillait à leur expliquer qu'en priorité, il fallait monter les toiles. L'exemple de Benoît fut suivi par trois ou quatre courageux. Les autres profitèrent de cet intermède pour soulager leurs épaules de la charge qu'elles supportaient. Les bagages s'entassèrent. Les jeunes s'allongèrent dans l'herbe. Benoît invitait ses copains à venir. Il plongeait, nageait, remontait, barbotant, éclaboussant les plus proches. Samuel voulut s'offrir son premier bain. Il plongea son pied afin d'évaluer la température de l'eau. - Ma parole, elle vient de Norvège, elle est glacée. - Mais non, allez... Viens. Denis, à plat ventre attrapa la cheville de Samuel qui, déséquilibré, tomba inopinément. Il remonta comme un bouchon, hurla. Il était furieux contre son copain. Il sortit de l'eau, soutenu moralement par Benoît qui ressemblait à un schtroumpf. Il était bleu, bleu de froid. Les ouvriers, habitués à la rivière désapprouvèrent cette baignade. Ils les mirent en garde contre une hydrocution. Monsieur le Curé, partagé entre le désir de satisfaire les jeunes et celui de veiller à leur sécurité, décida d'en parler avec eux, le soir même. Tout le monde reprit son paquetage. Ils se dirigèrent vers le coin prévu pour leur campement. Au passage, ils saluèrent les ouvriers occupés à couler les fondations de la salle prévue pour l'association. Monsieur le Curé leur demanda de se grouper à deux, trois ou quatre selon les places disponibles dans les toiles de tentes. D'emblée, Denis et Samuel étaient d'accord pour ne pas être ensemble. C'était une bonne chose ; au moins, il n'y avait pas de fausse note. Quand ils se furent concertés pour leurs places respectives, ils montèrent leur mini camp.

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